36 : quand la police quitte le quai des Orfèvres

police quitte 36 quai Orfèvres
 
C’est le numéro du Quai des Orfèvres, près de Notre Dame, qui abritait la police judiciaire parisienne depuis 1913. On ferme, et les locaux sont transférés au 36, rue du Bastion, près de la porte de Clichy. Les 1.700 fonctionnaires qui occuperont ce parallélépipède de verre haut de 37 mètres et long de 90 (la largeur est apparemment tenue secrète) n’ouvriront plus leurs fenêtres sur la Seine, les ponts de Paname et les pêcheurs. D’ailleurs ils ne les ouvriront plus du tout. Le bâtiment est hyper moderne, climatisé, à bilan énergétique et carbone neutre, selon les vœux d’Anne Hidalgo et Nicolas Hulot réunis.
 

La police quitte un bâtiment « obsolète »

 
Le vieux 36, que Simenon et son commissaire Magret avaient popularisé, ne convenait plus. Selon l’administration, « L’outil de travail ne correspondait plus aux besoins et aux nécessités actuelles. On avait des locaux qui étaient vraiment atteint d’obsolescence, qui étaient vieillissants, sales, impropres et pas ergonomiques. Ici c’est la modernité ». Seul hic, le nouveau palais de justice prévu à côté du 36 rue du Bastion n’est pas encore construit, l’ancien est encore dans l’île de la Cité, ce qui n’est pas trop commode pour la « synergie justice police » chère aux crânes d’œuf de la gauche branchée.
 

Une police indigne du 36 Quai des Orfèvres, où flotte l’ombre de saint Louis

 
Sous les prétextes habituels de modernité et d’efficacité se poursuit un mouvement qui s’est dessiné depuis que le ministère des finances a quitté le Louvre et qui est devenu évident quand le ministère de la marine a dû abandonner la place de la Concorde : symboliquement, le pouvoir politique décampe des lieux historiques, au profit d’intérêts privés. Cela donne en prime l’occasion de fructueuses opérations immobilières. Un syndicaliste policier, il est toujours besoin d’idiots utiles, s’est même exclamé : « Certains endroits dataient de saint Louis ». Mon Dieu, quelle horreur ! Saint Louis qui, non content de rendre la justice sous son chêne, fonda par sa grande ordonnance la justice française. Il est clair qu’avec des policiers qui se battent entre eux, comme ceux de la BAC et les CRS au sortir d’une boîte de nuit de Calais, et des magistrats inscrits au SM, ni notre police ni notre justice n’est digne de siéger dans les bâtiments où flotte l’ombre du Saint Roi. Qu’elles aillent se faire oublier dans les fourmilières de verre de la porte de Clichy. Le déménagement est le signe de la démission d’un État qui disparaît peu à peu après avoir trahi la nation qu’il avait charge de protéger.