Les policiers dans la rue contre la « rupture police justice »

Policiers rue contre rupture justice
 
La « rupture police justice » était la raison de leur présence, mercredi, place Vendôme, devant le ministère de la Justice. Une rupture qui n’est, certes, un secret pour personne, et ce depuis des décennies. Mais il faut avouer que, sous le quinquennat de François Hollande, le laxisme de la justice est devenu tel, et même institutionnel, que les policiers, pourtant habitués à obéir quoi qu’ils pensent, n’ont pensé n’avoir plus d’autre recours que celui de descendre dans la rue.
 
Et pourtant… « Je n’attends rien de ce rassemblement, comme d’habitude », lâche ce fonctionnaire. « On est quand même là pour être solidaires, et parce qu’il y a une intersyndicale, tout le monde va dans le même sens », ajoute-t-il.
 
Etre là, même si ça ne sert à rien face à des idéologues ; être là, pour se serrer les coudes entre collègues, tous grades confondus, des agents administratifs aux commissaires. La préfecture de police, qui, pour une fois n’a pas à s’opposer aux organisateurs d’une manifestation pour en donner le nombre, évoque un rassemblement de 7.500 représentants des forces de l’ordre. Les syndicats parlent eux de 10.000…
 

Les policiers dans la rue contre la « rupture police justice »

 
C’est bien d’une protestation qu’il s’agit – les policiers ne font pas grève, et protestent donc sur leur temps de congé ou de repos. Une protestation pour laisser éclater leur colère : les policiers sont devenus les cibles ordinaires du premier truand venu, et trop de leurs collègues ont payé pour le savoir. Il est loin le temps dont seul le cinéma garde le lointain souvenir où l’assassin d’un flic risquait sa tête !
 
Il y a pourtant plus grave. Leur collègue grièvement blessé, le 5 octobre dernier, en Seine-Saint-Denis a été tiré comme un lapin par détenu en fuite, un danger public, un homme qui n’était malheureusement pas en prison parce qu’il profitait d’une permission de sortie…
 

Qui les aura réellement entendus ?

 
Pourtant le rassemblement n’aura guère été productif. Peut-il en être autrement quand les cris de « Taubira démission » ont été rapidement tus ? Quand un policier affirme : « On n’est pas là pour cibler tel ou tel politique, mais le manque de cohésion entre les ministères. »
 
Avec pareil discours, le gouvernement n’a guère à s’inquiéter…
 
« Les policiers en ont marre de voir leur travail anéanti par des décisions de justice incompréhensibles », s’est tout de même indigné Yves Lefebvre, le patron d’Unité-SGP-Police, deuxième syndicat de gardiens de la paix.
 
Pourquoi ces décisions sont-elles incompréhensibles si ce n’est parce qu’elles résultent d’une politique ?
 
Peut-on se contenter, peut-on même croire Manuel Valls qui annonce une série de mesures censées « corriger » les « dysfonctionnements » ? Ou Stéphane Le Foll transmettre le message de François Hollande, qui recevra « la semaine prochaine » les syndicats de la police et de la justice, soulignant « le travail difficile, courageux et efficace des policiers et des gendarmes, de l’ensemble des forces de l’ordre ».
 
D’autant plus difficile et courageux qu’il est contré, une fois encore, par la politique de ceux-là même qui leur présentent leurs félicitations.
 
Il ne suffit pas, pour y remédier, de dénoncer une « justice qui déraille ».
 
Il ne suffit pas, même si c’est un début, que Philippe Capon, patron de l’Unsa-police, déclare : « Ce n’est pas la culture de la police, privée du droit de grève, de descendre dans la rue. Mais entendre Mme Taubira nous dire que l’on réglera le problème des permissionnaires en cavale en les faisant accompagner par des policiers a été perçu comme une provocation. »
 
Il ne suffit pas de lancer des slogans : « La police crève, la politique y veille », ou autres.
 

Une politique qui déraille

 
Il faut que la France retrouve une politique réelle, et une justice qui ne se contente pas de gazer des manifestants pacifiques quand des truands prennent des vacances sur leur période de détention.
 
Pour certains protestataires, il faut pour cela que Christiane Taubira s’en aille. Et peut-être pas elle seule.
 
Mais ce qu’il faut faire, on ne le dit guère. Sans doute parce que la police, au-delà de n’avoir pas le droit de grève, n’a guère l’habitude de discuter, encore moins de désobéir.
 
Peut-être aussi parce que le corps des commissaires a toujours été reconnu comme l’un des plus maçons de la fonction publique, et que cela crée d’autres accointances…
 
Peut-être enfin parce que notre époque, et donc nos représentants de l’ordre, n’ont plus conscience de ce qu’est la justice : ce qui est droit.
 
Aujourd’hui, les policiers veulent défendre un certain ordre social contre une justice folle. Contre une justice fondée sur le relativisme politicien, où ce qui était vrai hier est faux aujourd’hui, où le vrai n’existe plus.
 

François le Luc