La Pologne affiche sa fermeté face à l’Union européenne

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Réagissant vendredi aux critiques de l’Union européenne, le premier ministre polonais a clairement affiché sa fermeté vis-à-vis de la Commission de Bruxelles : Varsovie ne cédera jamais à un ultimatum européen. Beata Szydlo, qui s’exprimait au nom de son gouvernement, a, dans le même temps, appelé la Diète à manifester sa solidarité avec l’exécutif. La résistance de la Pologne doit étonner la Commission européenne, peu habituée à ce que l’un des Etats-membres fasse preuve d’une telle dignité face à ses oukases.
 
Beata Szydlo réagissait ainsi aux propos de la Commission européenne, qui a entamé une procédure de vérification de l’état de droit en Pologne, et a fait savoir mercredi que Varsovie aurait deux semaines à compter de lundi pour répondre à ses interrogations concernant notamment la réforme du Tribunal constitutionnel.
 

Varsovie affiche sa fermeté face à la Commission européenne

 
Le chef du gouvernement était d’autant plus irrité qu’un entretien avec le vice-président de la Commission Frans Timmermans avait pu lui laisser croire mardi soir que, moyennant certaines concessions, son gouvernement disposerait de délais. Les propos tenus mercredis et l’ultimatum lancé jeudi par la Commission européenne apparaissent dès lors, aux yeux de Beata Szydlo, comme un revirement, voire comme un manque de parole.
 
Pourtant, selon le quotidien polonais Rzeczpospolita, les concessions proposées par la Pologne n’étaient pas sans conséquences : acceptation graduelle des juges élus par le Parlement précédent, déblocage du Tribunal en acceptant de publier ses décisions, y compris celles déjà prises, abandon de la règle des deux tiers de voix pour l’adoption de ses décisions… En pratique, le gouvernement polonais s’alignait sur les demandes émises par Bruxelles.
 
Pour Varsovie, cette volonté européenne d’accélérer le mouvement est bien la marque d’une attaque contre la souveraineté du pays, et le PiS a d’ailleurs déposé un projet de résolution à cette encontre, texte qui en profite pour dénoncer également les tentatives d’imposer à la Pologne des décisions concernant les migrants arrivés en Europe, « décisions qui n’ont aucun fondement dans le droit européen et violent la souveraineté de notre Etat et les valeurs européennes ». Un débat qui a amené des violentes altercations avec les partis d’opposition. Car, bien évidemment, ladite résolution a été adoptée par le Parlement, où le PiS est majoritaire, par une large majorité de 257 voix.
 
Lors des débats, Beata Szydlo a tenu à enfoncer le clou. « Je peux dire qu’il y a, à la Commission européenne, de plus en plus de gens qui veulent détruire l’Union européenne et non la voir se développer. »
 

La Pologne avant l’Union européenne

 
« Ce n’est pas la Pologne qui a un problème avec la Commission, c’est la Commission qui a un problème avec elle-même », a encore déclaré Beata Szydlo, soulignant que son pays « veut construire une communauté européenne forte, fondée sur le respect de tous ses membres ».
 
Son homologue hongrois Viktor Orban lui a d’ailleurs apporté son soutien en reprochant à l’Union européenne de traiter la Pologne injustement. « Bruxelles ne gagnera jamais cette bataille contre les Polonais », a-t-il prédit.
 
De fait, la fermeté de Beata Szydlo paraît sans faille, et l’on aimerait parfois que nos politiques s’en inspirent. « Le gouvernement polonais n’autorisera jamais personne à imposer ses choix aux Polonais. Je suis le chef du gouvernement polonais et l’opinion de mes compatriotes sera toujours souveraine. Je suis une européenne mais, par-dessus tout, je suis Polonaise. »
 
On a envie d’applaudir…
 

François le Luc