Exposition/PEINTURE
Portraits de Cézanne ♥♥

 
Portraits de Cézanne est la grande exposition de peinture proposée à l’été 2017 par le Musée d’Orsay. Le label « impressionniste » attaché à Cézanne lui donne un grand retentissement international. Afin d’éviter les foules, nous conseillons de visiter l’exposition lors des nocturnes.
 
Portraits de Cézanne propose une excellente illustration de la démarche de l’artiste provençal. Cézanne (1839-1906) a cherché, comme tous les portraitistes, à rendre quelque chose de l’âme des personnes peintes dans ses tableaux. L’exposition retrace l’ensemble de sa carrière, des années 1860 à sa mort en 1906 ; il a peint jusqu’au bout. Cézanne s’est toujours refusé à flatter ses modèles : entre la filiation académique, malgré tout présente à ses débuts, et les œuvres de sa maturité des deux dernières décennies, il a donc multiplié les tentatives, parfois pas très loin de la caricature. Sa famille a été beaucoup mise à contribution, avec ses parents, son oncle, sa compagne puis épouse, son fils…Pourtant, même dans ces années d’expérimentations multiples, se distinguent malgré tout quelques tableaux justement célèbres, comme le portrait d’Achille Emperaire (1867-8), son ami peintre de petite taille. D’autres œuvres de cette époque sont connues du fait de la célébrité postérieure des personnages représentés, comme Paul Alexis lisant à Emile Zola (1869-1870), qui possèdent, à défaut d’éblouir artistiquement – ils sont avant tout formellement typiques de l’avant-garde de l’époque, pré-impressionniste – un réel intérêt historique.
 

Portraits de Cézanne, une exposition à voir

 
Puis, Cézanne a retrouvé, sans le vouloir de façon consciente peut-être, à la fin de sa vie, le chemin de la Beauté. A partir de 1885, à peu près, le spectateur trouve des qualités évidentes à ses portraits, du moins la plupart. L’Autoportrait de l’artiste (1886-7) symbolise très bien son travail ; Cézanne ne s’y flatte nullement… Les portraits regroupés dans l’exposition sous l’appellation de « paysans », réalisés dans les années 1890-1900, sont eux des chefs d’œuvre, justement estimés. Le Fumeur accoudé (1891, celui de Saint-Pétersbourg) témoigne en particulier d’une maîtrise accomplie ; la composition brille par son équilibre ; le visage reste simplement traité, mais sans brutalité, travers de tant de portraits antérieurs ; les couleurs s’ordonnent justement de façon complémentaire. Un autre Fumeur accoudé, de la même année, propose une variante plus claire et plus dépouillée de ce tableau ; belle aussi, elle n’en paraît pas moins légèrement moins aboutie. Enfin, le meilleur des traditions classiques de l’art du portrait, avec une forte influence des vanités du XVIIème siècle, se retrouve dans le Jeune Homme à la tête de mort (1896-1898). Largement autodidacte, Cézanne n’en a pas moins acquis au fil de sa vie une immense culture artistique.
 
Portraits de Cézanne est donc une exposition à voir. On regrettera au plus que le commentaire proposé théorise trop à partir des termes de l’argot des collèges dont Cézanne usait avec ses anciens condisciples. Quant à la conversion au catholicisme du peintre, sur le tard, elle est prise, à tort, pour la plaisanterie ultime. Ces scories ne gâchent toutefois le plaisir du visiteur.
 

Hector JOVIEN

 

Portraits Cézanne Peinture Exposition
Portraits de Cézanne
du 13 juin au 24 septembre 2017 au Musée d’Orsay à Paris.

Exposition temporaire niveau 5
 
Plein tarif : 12 €