Energie : Powerwall, la batterie pour la maison de Tesla ne révolutionne pas (encore) la donne

Energie : Powerwall, la batterie pour la maison de Tesla ne révolutionne pas (encore) la donne
 
Annoncée vendredi à grand renfort de battage médiatique, la batterie à forte capacité à usage domestique, « Powerwell » de la firme Tesla ne révolutionne pas la donne dans le monde de l’énergie « durable » : les promesses d’Elon Musk, fondateur de la marque de voitures électriques haut de gamme, semblent pour le moins prématurées. L’idée, c’est de rendre accessible en coût et en technologie une batterie pour la maison, capable de stocker de l’énergie issue par exemple de panneaux photovoltaïques, pour permettre aux particuliers de bénéficier d’une production d’électricité suffisante et autonome.
 
Pour la revue Nature, il ne s’agit pas d’une révolution, et encore moins d’un système rentable.
 
Lors de sa conférence de presse à Los Angeles, Elon Musk a affirmé que ses batteries rechargeables lithium-ion, actuellement utilisées pour les voitures Tesla – leur autonomie est limitée à 500 km – seront dès 2016 commercialisées pour un usage domestique ou pour les petites entreprises. Fixées au mur dans la maison ou au garage, elles permettraient de stocker l’énergie « verte » produite sur place, ou encore de faire le plein à partir du circuit de distribution classique pendant les heures creuses, pour libérer l’électricité pendant la journée.
 

Powerwall : la batterie d’Elon Musk n’est pas une révolution technologique

 
La technologie n’est pas nouvelle, souligne Nature : les batteries Powerwall développées par Tesla en partenariat avec Panasonic ne font que reprendre des modèles désormais classiques produits par de nombreuses autres marques. Elles ne sont pas une réponse au problème numéro un du stockage de l’électricité : il faudra pour cela, outre une vraie diminution du coût, parvenir à développer des batteries capables de stocker des volumes bien plus importants. Ce n’est pas pour demain, assure la revue, même si de multiples recherches, à coups de milliards de dollars, sont en cours.
 
Les batteries Powerwall pour la maison pourraient se révéler un peu moins chères à l’achat que celles des concurrents, mais à 3.500 dollars l’unité, sans compter les frais de raccordement aux sources d’énergie et ceux de l’injection de l’électricité dans le circuit domestique, l’addition totale risque d’être salée.
 
A quoi s’ajoute la question de l’intérêt d’une batterie Tesla pour les particuliers dans les pays occidentaux : ce sont les circuits électriques classiques qui assurent la continuité et dans les habitations qui ont des installations photovoltaïques la revente du surplus de production permet de récupérer – souvent moins cher – les kilowatts nécessaires sur le circuit classique pendant la nuit.
 

Tesla propose une batterie pour la maison coûteuse. L’énergie verte est chère

 
Ce sont plutôt les sources dites « durables » qui posent problème : les pays qui ont eu une politique « agressive » d’installation d’éoliennes et de panneaux solaires n’ont pas investi dans le stockage et l’arrivée de l’énergie « vendue » par les particuliers a contraint les compagnies d’électricité à dépenser davantage pour assurer le bon fonctionnement de leurs réseaux. « Les effets d’un déploiement imprévu peut être dangereux en termes de fiabilité du réseau », assure Haresh Kamath, expert en stockage de l’énergie à l’Electric Power Reasearch Institute de Palo Alto, en Californie.
 
Aux Etats-Unis, selon l’Us Department of Energy, le stockage de l’énergie n’est compétitif qu’à 150 dollars par kWh. Les batteries Powerwall de Tesla se situeraient à 700 dollars, selon l’estimation de Nature. Lorsque la demande est forte, le générateur à gaz reste bien moins cher que cela.
 
Les tenants du réchauffement climatique ont la réponse : « S’il existait un prix adéquat lié à la génération de carbone, nous utiliserions tous des panneaux solaires et nous paierions le prix – n’importe lequel – nécessaire au stockage de l’énergie », explique Jeff Dahn, chercheur sur les batteries à Dalhousie University au Canada. Il ne s’agirait pas de baisser le prix de l’énergie dite « durable » mais de faire les poches de ceux qui ont recours aux moyens de production classique en augmentant artificiellement leur coût.
 
Reste l’idée de l’autonomie des familles en matière énergétique qui, elle, pourrait avoir des répercussions intéressantes. Quelque chose suggère que ce n’est pas pour demain.
 

Anne Dolhein