Préparatoires, Pisa : Peillon, le déni
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Malgré la grogne des enseignants et des étudiants, le ministre de l’Education nationale maintient les coupes qu’il a prévues de faire dans le budget des classes préparatoires, tout en niant les dispositions prévues – comme il nie la réalité du système éducatif français décrit par le rapport Pisa de l’OCDE afin de justifier sa politique. Peillon, le déni est devenu le mot-clé des réformes mal pensées de l’instruction publique.

Selon ses propres dires, les réformes menées par le ministre tendent pour la plupart à « réduire les inégalités » du système éducatif français. Une vision limitée, mais qui pourrait se défendre s’il prenait une vue claire des causes de ces inégalités et des moyens propres à les combattre. Ce n’est pas le cas, et ses décisions doivent plus à l’idéologie qu’à l’expérience, son acharnement contre les classes préparatoire aux grandes écoles, filière d’excellence élitiste, en est un symbole criant. L’exploitation qu’il a fait du récent rapport PISA 2012 publié par l’OCDE en est un autre. Le rapport PISA, comparant les systèmes d’éducation de 65 pays dont les 34 de l’OCDE, montrent qu’en douze ans le niveau a globalement monté, que la France fait partie des quinze qui ont dégringolé (de la dix-septième à la vingt-cinquième, du groupe des forts à tout juste la moyenne), mais surtout que l’on peut très bien à la fois améliorer la performance et l’équité du système : c’est le cas en Europe de l’Italie, la Pologne et l’Allemagne, aussi bien qu’en Asie du Japon ou de la Corée, entre autres. Là-bas, la proportion des meilleurs augmente en même temps que celle des moins bons diminue.

Le laxisme produit l’injustice

Surtout, il faut comprendre ce qu’est l’inéquité, et comment elle se mesure : plus le lien entre l’origine sociale de l’élève et son niveau scolaire est fort, plus le système est inéquitable : les élites se reproduisent sans que l’effort et le mérite y pèsent beaucoup, c’est le cas précisément de la France pour laquelle ce lien est le plus fort parmi les pays de l’OCDE. Les fils de riches et de profs réussissent, les autres non, les élèves pauvres étant en bas de classement, et les enfants d’immigrés, toutes choses égales par ailleurs, tout en bas.
Comment font les autres pour améliorer un état de choses semblable ? L’Allemagne a imposé du travail supplémentaire aux élèves issus de l’immigration, pour une hausse spectaculaire de leur niveau. Le Japon et la Corée, et d’autres pays d’Asie, insistent sur le travail, la discipline, l’émulation, la persévérance. Résultat : la proportion d’élèves dits « résilients », c’est à dire d’élèves pauvres ayant de très bons résultats y est deux fois plus élevée qu’en France. Cela ne plaît pas toujours aux élèves, qui « se sentent » nettement moins bien qu’en France à l’école, mais leurs résultats sont meilleurs. En outre le PISA note une mauvaise discipline en France. Le rapport note enfin que l’effort porté par la Corée entre 2003 sur les élèves très forts en mathématiques a tiré tout le système vers le haut. Les présupposés pédagogiques socialistes sont donc faux, et l’acharnement du ministre contre les classes préparatoires aux grandes écoles est doublement nocif. Parce qu’elles forment une élite. Et parce que cette élite est le produit d’une filière particulièrement équitable, ouverte aux élèves méritant des classes moins privilégiées : 30 % des étudiants y sont boursiers, une proportion sans équivalent dans le reste du système français. Pour Vincent Peillon, le déni est une méthode de gouvernement.