Le président de la Macédoine annonce l’arrivée de 20 millions de migrants

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Migrants dans un camp de fortune près du village de Idomeni, en Grèce, qui attendent pour traverser la frontière gréco-macédonienne, le 08 mars 2016.

 
Prenant à partie le chancelier allemand, Angela Merkel, le président de la Macédoine, Gjorge Ivanov, l’a ouvertement accusée d’être responsable des périls auxquels elle a exposé l’Europe et qui aujourd’hui ne sont que trop réels : l’afflux de migrants et la terreur djihadiste. C’est son « invitation ouverte » aux réfugiés qui est à la racine de tout, et il n’y a pas de raison que cela s’arrête, a-t-il déclaré, assurant que le nombre de candidats à l’entrée dans l’Union européenne pourrait atteindre les 20 millions.
 
La Macédoine, qui fait partie des pays de première ligne de l’autre côté de la frontière de l’UE, sera aussi l’un des premiers à en subir les conséquences.
 
« Le flux de réfugiés ne cessera pas, car tout le monde est au courant de tout par Twitter et Facebook », a rappelé le président de la Macédoine.
 

Gjorge Ivanov dénonce la politique de Merkel face à l’arrivée des migrants

 
Saluant malgré tout le « courage » d’Angela Merkel sur le plan humanitaire, Gjorge Ivanov estime qu’il a des limites. « Personne n’a le courage de dire ce qui nous attend. Dans les seuls Egypte et Soudan, il y a 20 millions de migrants qui attendent de venir en Europe », a-t-il averti. Le potentiel total d’émigration depuis le Proche Orient et l’Afrique est quant à lui bien plus important, cela va sans dire.
 
Ivanov a accusé l’Europe d’avoir « totalement perdu de vue » les questions de sécurité alors que les migrants affluent depuis la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan et d’autres pays qui sont connu pour être des viviers d’islamisme. Un « oubli » d’une telle dimension est à peine croyable, à moins qu’il n’ait été assumé en toute connaissance de cause.
 
La Macédoine, elle, fait ce qu’elle peut, selon son président. « Si nous avions fait confiance à Bruxelles plutôt que d’agir nous-mêmes, nous aurions été submergés par les djihadistes », affirme-t-il, expliquant que les forces de police et de surveillance des frontières ont confisqué quelque 9.000 passeports volés ou falsifiés. Et ce malgré le refus de l’Allemagne de partager les informations qu’elle détient sur les islamistes recherchés, ou de fournir les données biométriques en sa possession.
 
« Dans cette crise des réfugiés, nous payons aujourd’hui les erreurs de l’UE ; nous avons déjà dépensé 25 millions d’euros sur le dos de nos contribuables et nous avons été contraints de déclarer un état de crise nationale », a-t-il poursuivi dans une interview accordée au journal allemand Bild.
 

20 millions d’Egyptiens et de Soudanais attendent d’entrer dans l’UE, selon le président de la Macédoine

 
Les difficultés proviennent aussi de l’attitude de la Grèce, qui est, elle, membre de l’Union européenne mais qui a laissé passer les migrants vers le nord sans les inquiéter.
 
La Macédoine, soucieuse de filtrer les islamistes – si tant est qu’on puisse les identifier – et de refouler les migrants économiques, a commencé à construire une barrière à sa frontière sud le 20 février dernier.
 
Ivanov se plaint de n’avoir pas reçu « un centime » d’aide à cette fin de la part de l’UE : « En tant que pays non membre, nous sommes aujourd’hui obligés de protéger l’Europe d’un pays de l’Union européenne, la Grèce en l’occurrence. »
 
Angela Merkel, on le sait, a dénoncé la construction d’une barrière par la Macédoine. Et celle-ci est toujours candidate à l’entrée dans l’UE – cherchez l’erreur !
 

Anne Dolhein