Presse : un banquier pour sauver “ L’Express ” et “ Libération ”

Presse : un banquier pour sauver “L’Express” et “Libération”
 
Bernard Mourad, banquier d’affaires de Morgan Stanley, va être nommé à la présidence du nouveau groupe de médias Mag & News Co de l’homme d’affaires franco-israélien Patrick Drahi. Depuis que ce dernier a participé, il y a quelques mois, au sauvetage de Libération, il a accéléré son entrée dans le monde de la presse, puisqu’il vient de reprendre L’Expansion, L’Express, Studio Ciné live, Lire, Mieux vivre votre argent, Pianiste, Classica, auxquels il ajoute la chaine i24news. De plus en plus donc, la presse devient une entreprise comme les autres, et les journaux des produits commerciaux…
 
Classé par le magazine Forbes comme la 76e fortune mondial, et par le magazine Challenges comme la 12e fortune française, Patrick Drahi est le fondateur de la multinationale Altice, spécialisée dans les télécommunications, principal actionnaire du français Numéricable, et tout nouveau propriétaire de Portugal Telecom. En entrant dans le monde de la presse, le milliardaire franco-israélien ne fait qu’étendre sa conception de la communication, qui semble ne plus correspondre exactement avec l’acception classique du journalisme, puisqu’il en confie l’organisation au banquier d’origine libanaise Bernard Mourad – connu par ailleurs pour avoir lancé l’application mobile mySOS – avec lequel il travaille depuis une dizaine d’années, qui, selon un porte-parole d’Altice, « mettra son expérience et son savoir-faire unanimement reconnu au service du développement du groupe media, en France et à l’international ».
 

Un banquier à la tête de “ L’Express ”et “ Libération ”

 
L’homme quitte donc Morgan Stanley pour Mag & News Co, sans, on peut le supposer, changer de style. Dans cette optique, la presse devient un produit commercial comme un autre. On ne sait trop comment les journalistes vivent cette dépendance. Pour ne prendre que l’exemple de Libération, dont l’orientation de gauche devrait quelque peu se trouver froissée par cette collusion, la défense des idées doit donc céder le pas aux intérêts (au sens premier du terme) de ses patrons.
 

Sauver la presse, ou la faire évoluer ?

 
Il est vrai que, en l’occurrence, la rédaction a eu le temps de s’habituer, malgré ses difficultés financières, au diktat de l’argent-roi puisqu’elle était auparavant dans l’escarcelle d’un autre homme d’affaires, Edouard de Rothschild, et que l’actuelle président du conseil de surveillance du journal est encore un homme d’affaires, Bruno Ledoux – par ailleurs propriétaire du siège du journal, rue Béranger, dans le troisième arrondissement de Paris, et actionnaire duNouvel Economiste.