Une procession du Vendredi Saint à Séville attaquée aux cris d’Allahu akhbar

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Char de Jesús del Gran Poder (Séville)

 
Le bilan aurait pu être catastrophique. Pendant les processions de la nuit à l’occasion de la veillée du Jeudi au Vendredi Saint, les pénitents de Séville et l’importante foule qui suivait leur marche a été agressée à plusieurs reprises, aux cris d’« Allahu akhbar » ou d’« ETA vaincra ». Les forces de l’ordre comme les politiques ont d’emblée écarté toute intention terroriste. Voire. La population a bien été terrorisée et les bousculades ont fait une centaine de choqués et blessés dont un grave, qui fort heureusement est hors de danger. Et alors même qu’on tente de minimiser les faits, les Sévillans ont été horrifiés par l’impréparation des secours et cette panique balayée comme un simple mouvement de foule.
 
La « Madrugá » de Seville est un événement traditionnel où le peuple chrétien entoure une effigie du Christ pour tenir compagnie au Rédempteur pendant la terrible nuit après l’Agonie au Jardin des Oliviers. Une passante a raconté comment les pénitents, pris de frayeur, se sont éparpillés laissant seul le char transportant image de Notre Seigneur. Tout un symbole.
 

Quand ils entendent « Allahu akhbar », les pénitents de Séville s’éparpillent, terrorisés…

 
Les attaques se sont produites entre 3 h 30 et six heures du matin, chaque fois selon le même mode opératoire : des « voyous » armés de barres de fer tapant sur les volets et les voitures pour faire du bruit, hurlant, frappant et terrorisant les chrétiens rassemblés autour de la procession. Huit d’entre eux ont été interpellés. Tous sont des délinquants connus – l’un d’entre eux accumule même 36 condamnations. Les forces de l’ordre ont expliqué qu’un seul était étranger : un Sénégalais qui hurlait « Allahu Akhbar ». Les autres seraient espagnols. Mais allez savoir leur origine première… Il est en tout cas trop facile de minimiser leurs actes en les écartant comme des délinquants de droit commun.
 
Tout a commencé d’ailleurs avec un grand bruit dont l’origine n’a pas été identifiée. Ce n’était pas une explosion ni un tir d’arme à feu, c’est tout ce que l’on sait. Mais à l’évidence, il s’agissait de faire peur. Les pénitents – les « nazarenos del Gran Poder » – ont été les premiers à commencer à courir dans tous les sens pour s’éloigner à tout prix. Un témoin raconte qu’à partir de ce moment-là, il ne se souvient que d’images d’horreur. D’altercations et de violence. C’est lui qui s’aperçoit, avec horreur que le char baroque et doré portant le Christ avec sa Croix est seul au milieu de la place. Il voit des gens blessés, le nez cassé, on cherche en vain des secouristes et des ambulances – elles sont bloquées sur un pont.
 

La procession du Vendredi Saint à Séville attaquée par des « délinquants de droit commun » ?

 
Une pédiatre accompagnée d’une amie interne raconte comment elles se sont trouvées seules médecins au poste de secours qu’elles ont rejoint en voyant la gravité des événements – il n’y avait que des infirmiers. « S’il y avait eu une vraie situation d’urgence rien n’aurait été prêt », raconte Macarena. Elle a vu arriver beaucoup de jeunes et d’enfants pleurant, paniqués, les crises d’anxiété étaient nombreuses. Les images des attaques terroristes de ces dernières semaines en Europe ont certainement frappé les esprits. Dans le vacarme, on pensait qu’un véhicule fonçait sur la foule. Sans doute les ruées des affolés ont causé le plus de dégâts, mais aujourd’hui, tout semble possible et aggrave les situations.
 
Et c’est ainsi que le terrorisme s’alimente lui-même. La simple invocation d’Allah suffit à semer la terreur. Comment peut-il s’agir de simple délinquance, observe que trois attaques se sont produites de la même façon, selon le même mode opératoire, en différents points de la ville ?
 

Anne Dolhein