DRAME Le Professeur de violon ♥


 
Le Professeur de violon est un film brésilien qui décrit la vie d’un violoniste, à la carrière précaire comme beaucoup d’artistes, conduit, après plusieurs échecs professionnels, à accepter un emploi alimentaire d’enseignant de son instrument dans une favéla. Après une prise de contact difficile, le Professeur de violon réussit à motiver ses élèves. Il leur apprend à déchiffrer une partition, et à jouer, pas trop mal, des airs simples. Peu motivé à l’origine, il finit de se prendre de passion pour sa tâche. Puis il tente une conciliation logiquement impossible entre ses nouveaux devoirs dans le grand orchestre national brésilien qu’il a fini par intégrer, et son travail d’éducation musicale des favélas. Pourtant, ce grand orchestre avait été le véritable but sa vie de Noir issu d’un milieu modeste, ancien enfant-prodige de la musique.
 

Le Professeur de violon : une belle histoire consensuelle qui manque de réalisme

 
Le film se veut porteur d’une dimension réaliste. Les adolescents des favélas vivent dans un cadre fort pénible, avec des familles éclatées, ou des pères violents, un mélange de pauvreté et de délinquance de survie. Seuls les gros trafiquants qui règnent sur ces quartiers s’enrichissent, et en aucune manière les petits voleurs qui peuvent au contraire finir rapidement surendettés auprès des chefs de réseaux mafieux. Ainsi, l’orchestre de la favéla du Professeur de violon se trouve obligé de jouer pour l’anniversaire de la fille du caïd de la favéla. Toutefois, ce réalisme s’avère limité, voire inexistant : il est plus que probable que l’enseignant n’aurait jamais réussi à s’imposer à son public largement constitué de petits délinquants agressifs ; agrégé enfin à un grand orchestre symphonique, il aurait fui définitivement sans aucune pensée de retour cet environnement peu gratifiant et dangereux. Le point de vue simpliste de la bonne conscience de gauche sur les malheureux jeunes de favélas réputés victimes de « violences policières », injustifiées ou disproportionnées, peut aussi agacer quelque peu.
 
Le Professeur de violon a été pensé comme une belle histoire consensuelle. Les surprises narratives manquent, comme les caractères franchement mauvais au sein de la communauté des musiciens, professionnels comme amateurs. S’il ne s’agit certainement d’un grand film, s’il pèche par défaut de réalisme, le Professeur de violon peut nonobstant faire passer un moment agréable à un public bienveillant, qui aimerait croire à cette belle histoire. Les adolescents des favélas pourraient-ils apprécier la véritable musique, classique, en jouer, et non stagner dans l’univers pauvre et grossier du rap ? Ce serait en effet formidable, mais paraît hélas peu crédible.
 

Hector JOVIEN

 
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