Le Billet du jour
Raser la maison natale d’Adolf Hitler ou organiser un Nuremberg du mondialisme ?

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Maison natale d’Hitler (image d’archives)

 
Le gouvernement autrichien a décidé de raser la maison d’Adolf Hitler pour éviter qu’elle ne devienne un lieu de pèlerinage : plutôt que de pourchasser des fantômes, ne faudrait-il pas combattre les monstres vivants et organiser un procès de Nuremberg du mondialisme ?
 
La maison semble saine avec sa façade colorée. Sa propriétaire l’a longtemps louée à l’Etat autrichien pour qu’il y soigne des handicapés, mais Adolf Hitler y est né : il faut la raser pour que jamais nul néonazi ne puisse venir s’y recueillir. Ce n’est pas extraordinaire en soi. La damnatio memoriae n’est pas une nouveauté. On martelait déjà les cartouches de certains pharaons sur les murs des grands temples d’Egypte. Notons seulement qu’elle est ici sélective. La maison de Lénine à Oulianovsk est devenue un musée, et l’on peut lire sur Tripadvisor ce commentaire grossièrement traduit de l’anglais : « C’est l’endroit où l’histoire est née, un personnage historique qui a changé la vie de millions de gens. La maison où Lénine est né et où la famille Oulianov vivait. La maison natale de Lénine est ouverte aux visites publiques ».
 

Il y a maison natale et maison natale : Adolf Hitler est à part

 
Il est clair que si les monstres sont tous égaux, certains sont un peu plus égaux que d’autres, et ont donc droit à plus d’égards. C’est avec une empathie rigolarde que le guide du petit futé présente la maison natale de Pol Pot, responsable du génocide cambodgien (sans doute les holocaustes sont-ils moins pénibles au soleil) : « Les fanas de tonton Pol pourront aller se recueillir au village de Prek Sbov, à environ 4 km du centre ville, le long de la rivière, à gauche de la route nationale, après le marché, avant de traverser le pont en direction de Siem Reap. Il faut interroger les habitants pour trouver cette petite maison de bois et bambou où habite toujours la famille… Aucune statue, ni panneau indicateur ! (…) Le petit Saloth Sar devait ressembler à tous ces gamins rieurs et insouciants. » Le vrai nom de Pol Pot était donc Saloth Sar. Je ne pense pas que le rédacteur aurait écrit que le petit Adolf Hitler allait pêcher la truite dans l’Inn, comme « tous les autres gamins rieurs et insouciants ». Mais sans doute certains sont-ils des objets d’histoire quand d’autres demeurent des objets de mémoire, même (surtout) si leur mémoire est damnée.
 

Raser le passé ou organiser maintenant un Nuremberg du mondialisme ?

 
C’est le plus inquiétant pour notre société post-moderne, cette incapacité à séparer le présent du passé, cette archéomanie morbide qui détourne du réel et empêche tout combat politique sérieux. Morte la bête, mort le venin, disait la sagesse de nos grand-mères. Laissons les totalitarismes morts s’enterrer tout seuls et tâchons d’organiser la lutte contre les vivants. S’il faut raser quelque chose, rasons la maison natale de François Hollande, ça nous détendra, ou celle de Xi Jin Ping. Ou encore la maison natale de Peter Sutherland, de David Rockefeller, de George Soros. Car le totalitarisme actif aujourd’hui, celui dans lequel les autres se sont fondus et transformés, c’est le mondialisme. C’est lui qu’il faut désigner à l’exécration des peuples, lui qu’il faut exorciser. Au lieu de raser la maison natale d’Adolf Hitler, on ferait mieux d’organiser un Nuremberg du mondialisme. Ici et maintenant. C’est aujourd’hui qu’il faut critiquer aujourd’hui, pas demain.
 

Pauline Mille