Les amers regrets d’Angela Merkel à propos des portes ouvertes aux migrants

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Pour la première fois depuis le déclenchement de la crise des « réfugiés », Angela Merkel a indiqué qu’elle envisageait de revenir sur sa politique des portes ouvertes aux migrants. Des regrets tardifs qui font suite aux résultats catastrophiques de son parti, le CDU, aux élections de Berlin dimanche dernier. « Si je savais quel est le changement que les Allemands désirent voir apporté à la politique d’asile, je serais disposée à l’examiner », a-t-elle déclaré lors de la conférence de presse organisée pour permettre au chancelier de commenter les mauvais scores des chrétiens-démocrates.
 
« Si je le pouvais, je remonterais dans le temps afin d’être mieux préparé à la crise des réfugiés en 2015, pour laquelle nous étions assez mal préparés » : aveu d’erreur, d’impuissance ou de mauvais calcul politique ? En tout cas le mea culpa d’Angela Merkel rompt avec de longs mois, de trop longs mois d’ouverture aberrante à des réfugiés qui pour la plupart sont des migrants économiques et pour certains, les Allemands le savent très bien, des terroristes en bonne et due forme. Migrants économiques : derrière ces termes, et vu le volume des étrangers arrivés sur le sol allemand – un million au moins sans que les chiffres exacts ne puissent être connus – il y a ce qu’il faut bien appeler l’invasion de l’islam.
 

Angela Merkel : « Si je le pouvais, je remonterais dans le temps… »

 
Qualifiant les résultats des élections d’« amers », Mme Merkel a déclaré qu’elle en prenait « la responsabilité en tant que chef de parti et chancelier ». Le CDU a connu son pire résultat historique à Berlin avec 17,6 % des voix, tandis que le parti AfD (Alternative pour l’Allemagne), classé à l’extrême droite par la classe politique et médiatique mais qu’on ne peut qualifier de parti populiste, obtenait 14,5 %, en raison de son message anti-immigrationniste.
 
Angela Merkel a longuement insisté sur ces regrets, assurant qu’elle ne répéterait plus jamais l’ancien slogan qu’elle a imposé au plus fort de la crise : « Nous le pouvons », car c’est devenu, dit-elle, « une phrase vide ».
 
 L’échec de son parti et sa propre chute dans les sondages semblent être aujourd’hui sa préoccupation principale. En vue de tenir sa conférence de presse, le chancelier Merkel a même annulé son déplacement à New York pour participer à l’assemblée générale de l’ONU, lundi. Les Allemands sont priés d’en déduire que son revirement est sincère, et qu’à l’avenir ils seront mieux protégés face aux flots de migrants qui continuent de rêver d’une vie meilleure en Europe.
 
Ainsi, Angela Merkel démontre qu’elle est capable de changer d’avis à des fins électorales. N’a-t-elle pas opéré une volte-face similaire à propos de l’énergie nucléaire à quelques semaines de l’élection de 2013 ? Jadis favorable, elle a renoncé à soutenir le nucléaire dans la mesure où les sondages indiquaient que cette position était impopulaire en Allemagne.
 

Les regrets du chancelier allemand face à l’invasion migratoire

 
Mais de nombreuses questions demeurent. D’une part, on s’interroge devant l’apparente incompréhension du chancelier devant la volonté des Allemands quant à l’immigration. Elle est peut-être la seule à ne pas savoir quel est précisément le changement qu’ils désirent par rapport à la politique d’asile : coûteuse, dangereuse, imprudente, facteur de troubles et d’insécurité, facilitant la lente disparition de l’identité allemande, cette politique est tout simplement rejetée.
 
Deuxième point : le mal est fait. Même si l’Allemagne devait dorénavant fermer ses frontières en exerçant un contrôle très rigoureux sur les demandes d’asile pour ne retenir que celles qui pourraient s’avérer méritoire, plus d’un million d’étrangers sont arrivés sur son sol et il sera extrêmement difficile de les renvoyer, quelle que soit la régularité ou non de leurs demandes. Les regrets de Mme Merkel peuvent être jugés bien hypocrites puisqu’ils n’auront aucun effet pratique.
 
D’autre part, on notera que dans le même temps, Theresa May demandait lundi une profonde refonte de la politique d’asile, obligeant les premiers pays d’accueil de ceux qui fuient des conditions de vie trop dangereuses à les abriter chez eux en attendant un potentiel retour. Le ton change, c’est comme si l’on voulait enfin prendre en compte l’exaspération des peuples. Mais ces flux et ces reflux dans les prises de position des grands de ce monde semblent trop bien concertés pour être tout à fait sincères. Il y a quelques années, à l’unisson des chefs d’État néerlandais et britannique, la même Angela Merkel dénonçait la société multiculturelle. Pendant une période bien déterminée, il était de bon ton de reconnaître que cela ne tient pas la route.
 

Les portes ouvertes aux migrants en Allemagne, c’est terminé ?

 
Puis on est revenu à l’accueil universel et au devoir de respecter les droits culturels, et c’est dans ce contexte que s’inscrit l’arrivée massive, toujours d’actualité, de centaines de milliers voire de millions de migrants en Europe.
 
Si aujourd’hui le message est en train de s’inverser, on peut y voir la preuve d’un opportunisme politique et électoraliste qu’on ne gratifiera pas aussitôt du qualificatif de « réaliste », tant ces choses sont fluctuantes et tant la situation démographique de l’Europe, et de l’Allemagne en particulier, ne peuvent laisser espérer à vue humaine le rétablissement de l’ordre. Mais on peut aussi se poser la question des raisons des prises de position contradictoires successives de Mme Merkel, si bien alignées sur les discours non moins fluctuants tenus à la tête de l’Europe.
 
Mais sur le fond, ils ne varient pas. C’est si vrai que, à un an des élections nationales en Allemagne, Angela Merkel a tenu à réaffirmer le principe non négociable du relativisme culturel et religieux qui est au cœur de « leur » Europe : « Si les gens ne veulent pas de demandeurs d’asile musulman simplement en raison de leur religion, cela est contraire aux principes de notre parti et à ceux de l’Allemagne. Le CDU ne l’acceptera pas, et moi non plus. »
 
Il ne s’agit donc pas de prendre la vraie mesure du problème mais de contenir une opposition capable de séduire l’électorat et de donner quelques gages aux Allemands, tout en poursuivant tranquillement la route qui conduira à la marginalisation des chrétiens.
 

Anne Dolhein