Restructuration de l’islam : il faut clarifier son message au Pakistan et ailleurs

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Le grand mufti d’Egypte prêche la lutte contre l’extrémisme en invitant l’ensemble du monde musulman à « clarifier » le véritable message de l’islam. Le Dr Shawki Ibrahim Abdel Karim Allam, en visite au Pakistan, s’est s’exprimé en ce sens lors d’un séminaire sur la fatwa Paigham-i-Pakistan, une déclaration co-signée par 1.829 théologiens islamiques originaires de la quasi-totalité des grandes « sectes » musulmanes présentes dans le pays. Elle vise à contrer les différentes formes d’appel au terrorisme dont le monde constate les effets ravageurs. Mais la restructuration de l’islam a d’autres objectifs que l’arrêt des bombes et des tueries…
 
La rencontre s’est tenue sur le campus de l’Université islamique internationale d’Islamabad (IIUI), avec le concours de plusieurs organisations savantes, dont l’Institut international Iqbal pour la recherche et le dialogue (IRD) – cela ne s’invente pas !
 
Le Dr Allam, comme tant d’autres qui lui emboîtent le pas dans la mobilisation contre l’islam radical, a déclaré que le véritable message de l’islam est tout de paix et d’harmonie : c’est lui seul, a-t-il insisté, qui puisse contrer le problème actuel du terrorisme et des mentalités extrémistes. Et de reconnaître et de saluer les efforts « systématiques » du Pakistan contre l’extrémisme, ce qui ne manque pas de sel dans ce pays où le blasphème contre le « Prophète » encourt la mort et où les chrétiens risquent leur peau sans pouvoir, le plus souvent, espérer justice de la part des autorités judiciaires et politiques. La chrétienne Asia Bibi y a déjà passé plus de huit ans en prison pour avoir osé comparer Jésus-Christ et Mahomet…
 

« Clarifier » le message de l’islam pour mieux le dénaturer

 
On peut donc s’interroger sur l’efficacité de la fatwa Paigham-i-Pakistan. Pour Abdel Karim Allam, elle ne fait pas de doute : il faudrait même, et d’urgence, l’étendre à l’ensemble du globe pour éradiquer la mentalité extrémiste. L’affaire est en route puisque le ministre des affaires religieuses et de l’harmonie interconfessionnelle du Pakistan, Sardar Muhammad Yousaf, a répondu en notant que la fatwa a déjà obtenu le soutien de l’Egypte et de l’Arabie saoudite.
 
Il appartient à tous – oulémas, intellectuels, éducateurs, acteurs de la société civile – de se recentrer sur cet objectif d’élimination des concepts brutaux de l’extrémisme et du terrorisme, a martelé le Dr Allam, invitant chacun à travailler à mettre fin à la promotion du terrorisme en préférant répandre l’islam grâce au bon comportement et à la bonne moralité.
 
Suivant l’exemple du Pakistan, l’Egypte elle-même, qui a connu des périodes de troubles et d’attaques terroristes, travaille actuellement à la formulation de son « discours national » selon des principes similaires : un document qui sera signé par les principaux clercs musulmans du pays, a précisé le Dr Allam.
 

La restructuration prêchée au Pakistan vise à faciliter l’intégration des musulmans dans le Nouvel Ordre mondial

 
Mais ces démarches nationales doivent être accompagnées selon lui par des initiatives plus proches des gens ordinaires, notamment en utilisant les réseaux sociaux afin de contrer le « radicalisme ». Il s’agit parvenir au bout du compte à une véritable « construction de la paix » dans les pays musulmans y compris entre eux, comme l’a souligné ensuite le recteur de l’IIUI, le Pr Masoom Yasinzai, ce qui permettra de vivre « en harmonie » avec les membres d’autres confessions à travers le monde.
 
Eviter que des innocents ne meurent dans des attaques terroristes barbares : qui pourrait s’en plaindre ? Mais il ne faut pas perdre de vue les ressorts de ces initiatives islamiques : en invitant les musulmans à oublier le caractère belliqueux du coran et la manière violente dont l’islam s’est d’emblée imposé dans le monde, c’est à une rupture qu’on cherche à les amener, rupture impossible dans la mesure où le coran, livre « divin incréé » ne souffre pas le moindre changement ni critique, ni interprétation rationnelle.
 
En somme, on demande une adaptation de l’islam à la modernité, une restructuration qui seule permettrait la paix sur terre, au prix de la renonciation à la croyance que l’islam, étant « vrai », devrait dominer la terre. Ces aménagements tellement à la mode aujourd’hui ne sont que des manières de rendre la religion musulmane compatible avec le relativisme maçonnique érigé en dogme. Cette « réforme théologique de l’islam », qu’on entend réclamer ici ou là, devenant ainsi la condition du nouveau « vivre ensemble » auquel le christianisme se serait déjà adapté en renonçant à ses exigences morales et à son dogmatisme « moyenâgeux ».
 
Voilà qui évacue la question de la vérité ou de l’erreur de l’islam. Ce ne sont plus des catégories qui comptent dans un monde où, conformément à l’idéologie maçonnique, chaque religion doit se soumettre aux Lumières. Et mieux encore, accepter la spiritualité globale qui veut s’installer par dessus les religions traditionnelles – surtout la vraie.
 

Anne Dolhein