Des robots capables de s’adapter malgré des « blessures » et de poursuivre leur mission


 
Une équipe franco-américaine de chercheurs en intelligence artificielle vient de faire un pas de plus vers l’indépendance des robots. L’équipe est parvenue à mettre au point un logiciel qui permet à des robots, lorsqu’ils sont « blessés », c’est-à-dire mécaniquement endommagés, de trouver rapidement une alternative pour continuer la tâche dont ils ont la charge. « En créant notre logiciel, nous avions en tête des robots qui devraient survivre en milieux hostiles, comme lors d’une catastrophe nucléaire du type Fukushima. Si on envoie des robots, il faut qu’ils puissent poursuivre leur mission même s’ils sont cassés et non pas s’arrêter au milieu de la centrale, désactivés » a expliqué Jean-Baptiste Mouret, chercheur à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris et coauteur de l’étude.
 

Les chercheurs ont voulu aider le robot à s’adapter à ses « blessures », tels l’homme ou l’animal

 
Ils sont partis d’un constat simple : l’homme et l’animal sont capables de s’adapter lorsqu’ils sont blessés. Ils ont donc cherché à donner la même autonomie aux robots.
 
Indispensables dans des environnements lointains ou hostiles comme l’espace, les océans profonds ou les zones sinistrées, les robots restent pourtant fragiles. Ce nouveau logiciel a pour but de les aider à surmonter ces fragilités : il permet au robot d’analyser les différentes possibilités de fonctionnement malgré une « blessure » et de choisir alors une solution de remplacement.
 
« Chaque solution possible est expérimentée par le robot. Si elle ne fonctionne pas, il est assez intelligent pour l’exclure et en essayer une autre » explique à son tour Antoine Cully, également chercheur de l’Université Pierre et Marie Curie et coauteur de l’étude.
 

Malgré une patte cassée, le robot poursuit sa mission en trouvant une alternative

 
C’est d’abord sur un robot à six pattes que les chercheurs ont prouvé la validité de leur concept : il a continué à accomplir sa tâche malgré cinq détériorations différentes (pattes cassées ou manquantes). En deux minutes, le robot boiteux a trouvé une solution de remplacement et fonctionne à nouveau parfaitement.
 
« Si un robot est endommagé, le logiciel le guide pour mener des tests et trouver rapidement un comportement compensatoire qui lui permet de fonctionner malgré les dégradations subies » poursuit Jean-Baptiste Mouret.
 
Jusqu’à présent, l’idée était simplement de programmer des méthodes de diagnostics dans le robot lui-même, qui permettaient ensuite d’appliquer un plan d’urgence : processus coûteux et lent.
 

Le robot n’identifie pas sa « blessure » mais il est capable de s’adapter en deux minutes

 
Les chercheurs viennent d’accélérer considérablement les choses : le robot ne cherche pas à savoir quel est son problème mais il est capable de s’adapter et de poursuivre sa tâche en très peu de temps.
 
Concrètement, les robots sont d’abord incités à tester tous les mouvements réalisables avec leurs membres, et de leur attribuer une note d’utilité et d’importance. Et les chercheurs de préciser que ces connaissances ne sont pas programmées mais « générées par les machines » elles-mêmes…
 
Une fois cette étape passée, des dégâts ont été infligés aux robots : ils contournent alors la « blessure » grâce aux connaissances acquises dans la phase précédente.
 
On comprend mieux les mises en garde de nombreux spécialistes qui craignent que le robot finisse par dépasser l’Homme !
 

Béatrice Romée