ACTION/FANTASTIQUE
Le roi Arthur : la légende d’Excalibur •


 
Le roi Arthur : la légende d’Excalibur est un film aux confins de l’action et du fantastique spectaculaire, mené à un rythme rapide. Il s’intéresse un peu à ses personnages, même si la psychologie n’est clairement pas le souci premier d’un film d’action. Sur un peu plus de deux heures, le film n’ennuie jamais. Un roi réussit à sauver son royaume, par son action héroïque, de l’action d’un roi-sorcier ennemi. Mais, à peine vainqueur, il est assassiné par son frère ; il a tout juste le temps d’assurer la fuite de son jeune fils. Recueilli par des péripatéticiennes à Londres, devenu homme de main de l’établissement, petit bandit urbain, il redécouvre brusquement son ascendance royale oubliée. A l’aide de résistants à son oncle-tyran et d’une femme-mage, il va s’efforcer de récupérer son trône.
 
Cette histoire serait transposée sur une planète imaginaire, relèverait purement et simplement de l’héroïque fantaisie, nous nous contenterions de saluer un spectacle, et certainement rien qu’un spectacle, mais c’est déjà quelque chose, réussi. Or, il se trouve que le titre fait référence au roi Arthur, un grand héros de la Grande-Bretagne médiévale. Il a lutté victorieusement à la tête des Bretons contre les envahisseurs saxons au début du VIème siècle. Si la légende s’éloigne certainement considérablement de l’histoire, il a néanmoins existé. Son action a repoussé la victoire décisive de l’invasion saxonne contre les Bretons autochtones au siècle suivant, au début du VIIème siècle. C’est ce dont il n’est absolument pas question dans le film. Est tout juste à peu près réussi, et peut-être globalement crédible, le paysage général du Londres du VIème siècle, avec des ruines romaines encore débout et soutenues par des structures en bois dressées par les habitants de ces temps barbares. Par contre cet Arthur a appris le kung-fu, art martial chinois, dans l’école tenue par un Fils du Ciel dans ce Londres du VIème siècle, ce qui est pour le moins improbable. De même, le sage mentor noir, variante du Nestor de l’Iliade, est lui aussi peu crédible dans ce contexte.
 

Le roi Arthur : la légende d’Excalibur, des ajouts et des oublis probablement pas innocents et plus qu’agaçants

 
Ce qui est plus gênant encore, selon nous, dans cette vision très libre du Moyen-Age, est la disparition de toute référence chrétienne, alors que le Catholicisme a été une motivation du combat des Bretons catholiques contre les Saxons païens. Dans ce roi Arthur : la légende d’Excalibur n’existe que le paganisme, voire la magie et la sorcellerie – certes condamnée. Les éléments purement légendaires, paganisants, des récits arthuriens, comme la Dame du Lac, l’épée prodigieuse Excalibur, sont beaucoup mieux respectés que l’Histoire.
 
Indiscutablement, Le roi Arthur : la légende d’Excalibur assure le spectacle. Il n’a pas d’autres ambitions. Mais un tel manque de respect de données historiques minimales, avec des ajouts et des oublis probablement pas innocents, est néanmoins plus qu’agaçant.
 

Hector JOVIEN

 
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