Pétition pour Bruno Le Roux, ministre de la République, et pour l’emploi des enfants

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Bruno Le Roux a annoncé lui-même sa démission à la presse, hier à 18 heures.

 
Dommage collatéral de l’affaire Fillon, le ministre de l’intérieur Bruno Le Roux, dénoncé pour avoir offert un emploi à ses enfants, a démissionné. Nous lançons ici une pétition pour sa défense. Dans notre république ploutocratique, l’irruption de la morale en politique signale un totalitarisme en train de s’installer.
Ca n’a pas traînassé comme l’affaire Fillon. Il aura fallu moins de vingt-quatre heures pour que Bruno Le Roux, ministre de l’intérieur de la République française, donne sa démission, à la suite de la révélation dans l’émission Quotidien sur TMC de l’emploi de ses enfants par l’assemblée nationale. L’ombre de la peur d’un scandale a suffi à faire caler en un jour le ministre le plus puissant de la république, le successeur de Fouché, de Clemenceau, de Georges Mandel, de Jules Moch, de Marcelin, Chirac et Sarkozy.
 

L’emploi des enfants de Bruno Le Roux était-il fictif ?

 
Autre temps, autres mœurs. Dans notre société douillette et citoyenne, les hommes politiques doivent être des anges, et, pour un député, donner un emploi d’assistant parlementaire à ses enfants devient aussi répréhensible que de ne pas protester contre l’emploi des enfants pakistanais qui cousent des ballons de foot ou d’être indifférent au sort des ours blancs. Or, ayant été jusqu’à décembre 2016 député de Seine Saint-Denis, ce malheureux Bruno Le Roux a utilisé ses deux filles sept ans durant, grâce à 24 contrats de travail en CDD (à la différence de Myriam El Khomry, lui savait ce que c’est), pour un total de 55.000 euros, l’histoire ne dit pas si c’est brut ou net. Voilà. Ayant tondu du pré la largeur de sa langue, il est bon pour l’équarisseur. On lui a passé trente ans de canailleries et de sottises socialistes, mais cela, non ! Ah, Morale, quand tu nous tiens ! Le plus amusant, c’est qu’on célèbre en même temps au PS en grand trémolo les obsèques d’Henri Emmanuelli, qui fut l’organisateur du réseau Urba, le plus grand scandale de financement illégal d’un parti, le parti socialiste en l’occurrence.
 

Un ministre de la république ou un âne qui démissionne ?

 
Bon, sans doute Bruno Le Roux, avec sa bouille à se vautrer un peu trop dans l’assiette au beurre, n’était il pas blanc-bleu. Ses filles étaient mineures, il les a employées pendant les vacances, et au moins l’une d’entre elle était en même temps en stage à temps plein chez Yves Rocher en Belgique, ça tombe mal. L’emploi de ces pauvres enfants pourrait être fictif en plus. Aussi, sans attendre que le parquet financier se saisisse de l’Affaire, le ministre a-t-il démissionné. La république impeccable du président normal est sauve. La droite filloniste a ricané et une bonne partie des médias a brodé sur le thème de l’arroseur arrosé. D’autres ont préféré entonner l’air du tous pourris. Je ne m’associerai pas à ces mouvements. Le vrai problème n’est pas là. Le vrai problème est que Bruno Le Roux est un sacrifié et que Fillon est un âne.
 

Au nom de la morale, une dérive totalitaire de la république

 
Peut-on à la fois se servir et servir l’Etat ? L’histoire a longtemps répondu oui. Mazarin, Fouquet, Talleyrand, et d’autres, s’en sont mis plein les poches. Mais la République, depuis Robespierre chère à Marine Le Pen, s’est voulue vertueuse. Sa morale s’appelle guillotine. Traitants, fermiers généraux, on a raccourci tout cela. Et l’on a donné aux jeunes écoliers l’épouvantail du mandarin concussionnaire et jaune qui avait en sus de ses yeux bridés d’immenses ongles aux petits doigts. Grâce à cela la morale au bras du fisc utilise les fichiers de la police sous la houlette du juge pour mettre son nez partout, dans toutes les affaires des citoyens et des élus. Le mal totalitaire avance toujours au nom du bien, sinon personne ne le suivrait. On sait très bien que la politique sera toujours sale, jamais l’on n’a tant magouillé que depuis la loi de moralisation du financement des partis de Michel Rocard, l’hypocrite magot, mais l’emploi de nettoyeur est un formidable lever de pouvoir : qui oserait refuser d’aller vers plus de transparence et moins de corruption ?
 

Une pétition pour la souveraineté du politique

Or Jean Pierre Chevènement l’a fort bien rappelé l’autre jour, cette opération est une confusion des pouvoirs. Elle pervertit la république. La vérité est qu’un parlementaire dispose souverainement de ses revenus, sans que ni le fisc, ni les journalistes, d’ailleurs si malhonnêtes eux-mêmes, ni la justice n’aient rien à y voir. Je reproche moins à Fillon de courir après l’argent, même si on peut le trouver un peu minable, que d’avoir reconnu avoir commis des erreurs, dans un mea culpa qui m’a rappelé l’autocritique communiste. Mais que diable ! Il est ancien député, ancien premier ministre, il devait revendiquer l’indépendance du pouvoir politique et envoyer se faire voir juges et journalistes. Quant à Bruno Le Roux, c’est un pauvre bougre. C’est pourquoi je propose de lancer une pétition en faveur de sa réintégration au poste de ministre de l’intérieur. Il y trouvera bien un petit emploi pour ses enfants.
 

Pauline Mille