HISTOIRE Saint Laurent Cinéma ♠

Saint-Laurent
 
Saint Laurent est le deuxième « biopic » en moins d’un an consacré au couturier Yves Saint Laurent (1936-2008). En principe, il devait être moins hagiographique que le précédente, autorisé par Pierre Bergé. Il le demeure fort néanmoins. Et il se focalise à 80% sur les mœurs particulières de l’artiste. Qui voudrait apprécier la perspective historique général, en apprendre un peu sur le travail de la haute couture, ne peut qu’être déçu. Tout au plus voit-on l’indiscutable sens des affaires de Pierre Bergé, gestionnaire avisé qui a su créer la marque YSL et la gérer.
 
Mais c’est la petite histoire qui est au cœur de Saint Laurent. Le grand amour d’Yves n’aurait pas été Pierre (Bergé), son compagnon pendant plusieurs décennies, mais Jacques (de Bascher). Voilà la thèse centrale. Au moins démolit-elle la légende d’une paire « exemplaire » entre YSL et Pierre Bergé, grande passion romantique exclusive, comme entre un homme et une femme, seulement un peu particulière…
 
Non, Jacques entraîne Yves dans les pires débauches. Car il y a des degrés en la matière. On apprend donc que les homosexuels des années 1970 s’adonnaient à des pratiques collectives sadomasochistes, avec des instruments, des drogues et de l’alcool en grandes quantités, voire à des assauts brutaux entre inconnus dans les buissons des Tuileries ou les toilettes des gares. Le film ne va pas au bout des images, mais c’est déjà trop. On voit aussi le sida ravager ce milieu lors de la décennie suivante.
 
Parfois le diable porte pierre. En effet, confierait-on des enfants à ces gens-là ? On notera que Moujik I, le chien d’YSL, est mort d’avoir avalé les pilules de drogues étalées sur le sol par un maître abruti et négligent. Le personnage de Saint Laurent, visiblement peu équilibré, et bien interprété par Gaspard Ulliel, n’inspire décidément nulle sympathie. Sauf chez ceux qui apprécieront le récit de sa fuite des obligations militaires en Algérie – lui qui était Pied-Noir – ou celui de paiement des frais d’avortement à l’étranger pour ses couturières… Spectacle à fuir.