Le chercheur de Toulouse Aurélien Bancaud primé pour avoir accéléré le séquençage de l’ADN

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Echantillons d’ADN, en décembre 2015, Institut génétique Nantes-Atlantique.

 
Dix minutes au lieu de trois ou quatre heures pour réussir le séquençage de l’ADN : c’est l’exploit réalisé par Aurélien Bancaud, chercheur à Toulouse. Sa découverte vient de recevoir le premier prix d’instrumentation de la Société française de chimie. S’il est ainsi primé pour avoir astucieusement accéléré la « lecture » de l’ADN c’est certes en raison du côté innovant de sa méthode, mais surtout en raison de la simplification et du gain de temps qu’il permet. De quoi séduire un marché au potentiel énorme : qu’il s’agisse d’identification criminologique ou de recherche en paternité ou encore de dépistage du cancer, les applications sont nombreuses. A quoi il faut assurément ajouter le tri et l’ingénierie génétique
 

Le séquençage accéléré de l’ADN : une aubaine pour le marché du dépistage

 
Aurélien Bancaud attribue à « la chance » l’élément déclencheur de sa découverte. Au cours de ses travaux pour le Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes du Centre national français de la recherche scientifique (LAAS-CNRS), il tenait en 2012 de ralentir l’écoulement d’un produit dans un échantillon d’ADN : le moyen choisi, l’utilisation d’un champ électrique, s’est avéré efficace à lui seul pour « séparer l’ADN », sans avoir à passer par une « matrice » de gel pour en prendre l’empreinte. L’ADN est simplement posé sur une puce rendue ultra-sensible, sans avoir à concentrer l’échantillon ni à préparer le gel. Voilà pour le temps et les étapes gagnés. Et des coûts, par la même occasion.
 
Bonne nouvelle ? Pour dépister une prédisposition génétique au cancer ou à d’autres maladies chez un patient donné, sans doute… Mais alors que des entreprises américaines proposent déjà sur le marché des tests de prédisposition à l’obésité, au cholestérol, au diabète et à d’autres maladies, il n’est pas difficile d’imaginer des utilisations moins « bienveillantes » de ces données faciles d’accès, avec ou sans le consentement l’intéressé.
 

Aurélien Bancaud, chercheur à Toulouse, primé pour sa découverte

 
On pense aux assureurs, aux banques, aux employeurs potentiels… Et dans des Etats définitivement basculés dans la tyrannie, à un fichage commode, rapide et bon marché.
 
C’est aussi une bonne nouvelle pour l’eugénisme sous toutes ses formes, par le diagnostic pré-implantatoire et le diagnostic prénatal qui existent déjà. Pour l’heure, ce dernier se fait le plus communément sur le plan chromosomique, où le repérage des anomalies est bien plus facile qu’au niveau des gènes – cela aboutit au génocide des trisomiques 21 qui peuvent désormais être repérés de manière quasi infaillible à travers l’ADN fœtal circulant dans le sang de la mère. Lire à ce sujet le dernier livre, remarquable, de Jean-Marie Le Méné : Les premières victimes du transhumanisme
 
Et à mesure qu’on avance vers Le meilleur des mondes, la réalité pourra devenir plus inquiétante encore.
 

Anne Dolhein