« Shadowbanning » : la censure discrète sur Twitter et les réseaux sociaux

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« Couvrez ce message que je ne saurais voir. »

 
Alors que les gens ordinaires se montrent de plus en plus sceptiques face aux médias, les réseaux sociaux sont de plus en plus considérés comme des sources d’information échappant à la censure. Croire cependant que Twitter, Facebook et autres sites populaires permettent de contourner infailliblement la pensée unique serait d’une grande naïveté. Twitter, par exemple, a mis en place un système de filtrage de l’ombre, le « shadowbanning » ou escamotage discret des messages « incorrects ». Comme Google, la plate-forme d’échanges a tous les moyens nécessaires pour rendre des messages virtuellement invisibles, en les plongeant dans les profondeurs des classements sans les supprimer tout à fait.
 

Le « shadowbanning » : faire disparaître les messages des réseaux sociaux sans rien dire

 
La technique, discrète, consiste à défavoriser les « blacklistés » et à faire remonter d’autres messages, d’internautes favorisés qui se trouvent souvent être de tendance plus libérale ou gauchiste, plutôt que de mettre en tête ceux dont la « popularité » objective, mesurée en clics, le mérite. C’est particulièrement efficace dans la mesure où le « blacklisté » n’est pas averti et ne se rend pas forcément compte que ses messages ne circulent pas comme ils le devraient.
 
Le site Breitbart Tech, lié au réseau conservateur et pro-israélien Breitbart aux Etats-Unis, affirme que plusieurs sources – un employé de Twitter et un éditeur internet qui dit tenir ses informations d’un responsable du réseau social – ont fait état de cette pratique du « shadowbanning » qui peut parfaitement viser un utilisateur légitime.
 
A l’origine, la technique a pour but – légitime – de bloquer les messages des « spammers » sans les bloquer, eux, directement, avertissement qui les conduirait aussitôt à changer d’identité pour recommencer à diffuser des messages indésirables.
 

La censure sur Twitter et les réseaux sociaux, une réalité discrète

 
Mais voilà plusieurs semaines que des utilisateurs de Twitter signalent qu’ils ne reçoivent plus les messages émanant de « conservateurs populistes, de membres de la droite alternative, de libertaires culturels » et autres dissidents aux comptes desquels ils sont pourtant abonnés. Cela va d’un compte de soutien à Donald Trump à celui d’une actrice pornographique qui combat la censure.
 
Quoi qu’on en pense par ailleurs, il est clair que Twitter a les moyens techniques de censurer les messages de ses utilisateurs contre leur gré et contre le gré de leurs abonnés, et que cette censure n’est pas signalée.
 
C’est la même technique que Google semble vouloir mettre en œuvre afin de classer ses résultats de recherche selon des critères qui ne seront plus ceux de la pertinence d’une page internet ou de la popularité d’un site d’après le nombre de liens qui pointent vers lui. Google développe ainsi, selon ses propres dires, des logiciels qui lui permettront de classer ses résultats selon leur « véracité », jaugée selon le « consensus » constaté sur l’ensemble de la Toile. Vu sa position dominante, Google aura ainsi les moyens d’orienter l’information et l’opinion.
 
C’est dire si les moyens de contrôle existent sur Internet comme partout ailleurs : sans bloquer ouvertement des contenus jugés politiquement incorrects ou non consensuels, les moteurs de recherche et réseaux sociaux peuvent éviter que des informations circulent au-delà des cercles des habitués des sites non conformes.
 

Anne Dolhein