Shinzo Abe veut promouvoir les robots, seule réponse à l’hiver démographique

Shinzo Abe veut promouvoir les robots, seule réponse à l’hiver démographique
 
Pour Shinzo Abe, Premier ministre du Japon, la politique la plus bienfaisante qu’il puisse promouvoir pour son pays est la multiplication des robots. C’est en tout cas ce qu’il a laissé entendre lors d’une rencontre du Conseil japonais pour l’initiative de la révolution robotique, le 15 mai. Il veut en voir partout : « Depuis les méga-usines jusqu’au moindre recoin de notre économie et de notre société. » Il faut bien remplacer les hommes qui manquent. Les enfants non-nés de l’hiver démographique…
 

Un « plan quinquennal » pour promouvoir les robots

 
La rencontre, menée sur un ton tout ce qu’il y a de plus sérieux, a été organisée sous l’impulsion du gouvernement japonais. Et elle était sponsorisée par 200 sociétés et universités qui voient d’un bon œil ce « plan quinquennal » qui a pour objectif de multiplier les machines « intelligentes » dans l’industrie manufacturière, la distribution, la construction, les services de santé. Il y a de quoi : les ventes de robots devraient être multipliées par quatre d’ici à 2020 pour atteindre 2,4 milliards de milliards de yens. Ne me demandez pas de convertir : on est de toute façon dans la démesure.
 
— Tant d’emplois d’êtres humains sont-ils donc à remplacer au Japon ? Que ne font-ils appel à des « migrants de qualité » ?
 

Les robots coûtent moins cher que les hommes, plumés par l’hiver démographique

 
Deux réponses. La première : les Japonais répugnent à ouvrir leurs îles à des étrangers. Cela n’émeut guère les professionnels de l’antiracisme, soit dit en passant. Donc, passons. La deuxième : hormis l’énergie pour le faire fonctionner, le robot a des exigences modestes. Il ne réclame aucun salaire en fin de mois et sa mise au rebut pèse moins lourd dans un budget qu’une pension de retraite. Dans un pays marqué par le vieillissement accéléré de la population, et une économie qui risque l’implosion en raison des coûts de prise en charge des vieux, les soignants mécaniques sont une solution raisonnable. En même temps qu’on s’économise les frais de main-d’œuvre dans la vie économique et les dépenses pour les générations à venir qui de toute façon ne risquent pas de pointer leur nez.
 
D’ici à 2025, les robots japonais pourraient réduire le coût du travail dans l’Ile du Soleil Levant de 25 %, selon Boston Consulting. Mais sur qui se lèvera le soleil ?
 
Les Japonais ont déjà leur avant-goût du monde robotisé. Les grands magasins Mitsukoshi à Tokyo accueillent déjà le chaland au moyen d’une « employée » mécanique, un robot façon geisha revêtu d’un kimono et capable de saluer les clients avec des mots choisis, fleurant bien la tradition. Toujours d’excellente humeur, paraît-il.
 

La réponse de Shinzo Abe, promoteur de la déshumanisation : plutôt des robots que des hommes !

 
Le Japon doit se fabriquer des robots, dit Shinzo Abe, et les installer un peu partout. Mais c’est aussi le principal pays producteur de robots industriels : il fournit le marché mondial à hauteur de 50 %. Quant aux robots hautement spécialisés, allant des prothèses pour l’homme jusqu’aux servomoteurs, le Japon en détient le quasi monopole, assurant 90 % de la production mondiale.
 
Il est désormais menacé, selon le gouvernement, par la Chine qui multiplie les projets, à la fois pour assurer sa production domestique au détriment des importations depuis le Japon, et pour l’exportation – toujours. Et par la Corée du Sud qui mise sur les robots « intelligents ». Et par les Etats-Unis qui mettent le paquet sur la robotique militaire depuis l’an 2000.
 
Ces robots qui menacent nos libertés, qui déshumaniseront le travail, qui un jour, peut-être, battront l’homme au jeu de la science sans conscience et de l’action sans morale ont trouvé au Japon la porte d’entrée idéale. Celle de la vie refusée par des hommes qui ne croient plus en eux-mêmes parce qu’ils ne savent pas d’où vient leur vraie valeur.
 
Lorsque l’ancêtre japonais, la face ridée, regard de sage, n’aura plus que son robot comme seul bâton de vieillesse, il saura dire, sans doute, la valeur d’un sourire d’enfant.
 

Anne Dolhein