Le sommet sur les migrants et les avantages de la Turquie

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François Hollande et le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu (à gauche), lors du sommet entre l’UE et la Turquie, le 7 mars 2016, à Bruxelles.

 
Les Européens se sont accordés avec la Turquie pour apporter une solution efficace et humaine à la crise des réfugiés. Tel est le sens de la déclaration de François Hollande à l’issue du sommet sur les migrants. Un sommet qui a vu la Turquie faire plusieurs propositions – ou faut-il parler d’avantages ? – qui doivent encore être agréées par l’Union européenne.
 
« Si on arrête ce mouvement, s’ils ne traversent pas la mer Egée, alors, à ce moment-là, nous avons pu trouver une solution qui à la fois est efficace et humaine parce qu’elle n’empêchera pas la réinstallation de réfugiés », a ainsi expliqué François Hollande.
 

Le sommet sur les migrants

 
En pratique, l’idée du président français de renvoyer en Turquie les migrants arrivés en Grèce, ce qui permettrait d’éviter de dangereuses traversées, doit s’accompagner de l’accueil dans l’Union européenne d’un nombre équivalent de réfugiés syriens actuellement retenus en Turquie. Autrement dit, on échange un migrant illégal contre un réfugié légal. Pour nous, ça ne change rien à la question de la place. Et la Turquie se débrouille avec l’illégal, qu’elle pourra très bien expulser, ce qui, à terme, devrait diminuer le nombre de migrants sur son territoire. Et, peut-être, pourrait décourager les filières de passeurs…
 
En échange de cette opération où elle serait déjà bénéficiaire à terme, la Turquie demanderait la relocalisation de 200.000 Syriens (a priori) ayant déjà trouvés refuge chez elle par an, et une augmentation, confirmée par François Hollande, de l’aide qui lui serait versée par l’Union européenne de trois à six, voire sept, milliards (par an ?).
 
François Hollande a précisé, en sus pourrait-on dire, que la libéralisation des visas pour les ressortissants turcs pourrait être effective dès le mois de juin prochain, mais uniquement si les soixante-douze critères prévus pour y parvenir sont remplis.
 
On aime la façon marchand de tapis qu’a le président de la République française de s’exprimer : c’est du donnant-donnant qui évoque davantage les souks que les discussions d’une ambassade royale auprès de la Sublime Porte.
 

Avantages de la Turquie

 
Quoi qu’il en soit, toutes ces propositions ont été acceptées, dans leur principe, lors des discussions de lundi, mais elles devront être précisées au cours d’une discussion entre les Turcs et la Commission européenne, afin de pouvoir être définitivement adoptées lors du prochain Conseil européen des 17 et 18 mars.
 
On doute qu’il y ait quelque difficulté à ce niveau-là. Les principaux représentants de l’Union européenne ont trop manifesté, ces derniers temps, leur attente d’Ankara pour aboutir à une solution dans le dossier de la crise migratoire, pour penser qu’ils reviennent désormais sur cette ligne directrice.
 
Quant aux Turcs, leur accord ne fait évidemment aucun doute.
 
Reste la question de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Elle « est encore longue, à mon sens, avant d’aboutir », affirme François Hollande. D’autant plus que si Ankara intégrait l’Union européenne, la Turquie devrait alors récupérer un quota de réfugiés. Ce qui pour l’heure ne doit pas la motiver…
 

François le Luc