POLICIER/FANTASTIQUE
Split ♥♥


 
Split signifie « divisé ». Le personnage principal du film est un malade divisé en une vingtaine de personnalités. Certaines d’entre elles peuvent développer un comportement criminel. Un jour, le douteux personnage enlève trois lycéennes au sortir d’une fête d’anniversaire. Le film a été réalisé par un des maîtres actuels du fantastique, l’américano-indien Night Shyamalan. Ce réalisateur vaut mieux selon nous que sa réputation courante actuelle de prodige potentiel qui n’aurait absolument pas tenu ses promesses. Il a eu le malheur, dans sa carrière de cinéaste international, de débuter par son chef d’œuvre, le Sixième Sens (1999), et fatalement n’a pas toujours retrouvé ce niveau d’excellence. Soit, mais selon nous sa filmographie dans son ensemble s’avère cependant fort honorable.
 

Split : une franche réussite

 
Split est-il pour autant un film relevant du genre fantastique, ce que pourrait aussi inviter à croire la bande-annonce ? Ce n’est vraiment pas clair, sauf pour la toute fin du film, et encore. Selon nous, Split se rattache bien davantage au policier, au policier sombre, avec les points de vue antagonistes d’un criminel mentalement perturbé –persuadé qu’il va se transformer au sens physique du terme en monstre – et ceux de ses victimes enlevées. Ces dernières s’attendent au pire, développent des stratégies différentes de survie ; la moins sociable de la bande risque d’être la plus maline, conservant donc davantage de chances de survie. S’il n’est pas totalement imprévisible, Split est construit de manière rigoureuse, avec une réelle maîtrise. Indice de cette maîtrise, la violence, fatalement présente avec un tel sujet, est avant tout psychologique. Les différents personnages principaux sont soigneusement étudiés, avec leurs atouts et leurs failles. La psychiatre spécialisée mise en valeur dans la bande-annonce illustrera la faillite d’une science croyant tout savoir, deviner les bonnes attitudes, et ses théories loufoques d’un évolutionnisme appliqué à la psyché, des plus naïves, se révéleront pour le moins non-pertinentes. Le prétendu surhomme, ne sera, encore une fois, qu’un monstre, au moins moral, et des plus dangereux. Quant à la responsabilité du kidnappeur schizophrène –est-il au sens propre un fou dangereux, ou possède-t-il encore, certes de manière altérée, son discernement ?- elle interroge vraiment le spectateur, indice supplémentaire de la réussite du film.
 
Split instille un véritable suspens : quels personnages survivront, quels autres n’y parviendront pas ? Le film est mené de manière à la fois logique et remarquablement efficace. Il s’adresse certes avant tout aux amateurs de policier sombre, mais dans cette catégorie particulière, il est, selon nous, une franche réussite.
 

Hector JOVIEN

 
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