Stérilet et souffrance des femmes en Chine : les effets de la politique de l’enfant unique

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Des millions de femmes ont « choisi » le stérilet en Chine dans le cadre de la politique de l’enfant unique cruellement mise en œuvre par le parti communiste pour façonner la population chinoise. A l’heure où les enfants manquent à l’appel et que, dans l’espoir de renforcer un peu une population active déjà en déclin et vouée à une forte baisse dans les décennies à venir, les autorités gouvernementales ont choisi d’« offrir » gratuitement l’opération visant à retirer le stérilet et tous autres dispositifs contraceptifs intra-utérins aux femmes qui le désirent. L’affaire a mis au jour les souffrances et les douleurs de nombreuses femmes ayant eu recours à ces contraceptifs de longue durée qui font l’objet d’une promotion effrénée dans de nombreux pays du monde.
 
C’est une histoire qui est donc loin d’être finie. Que ce soit en Chine où la politique des deux enfants est tout aussi coercitive que la première, obligeant les femmes à éviter une troisième grossesse, ou ailleurs dans le monde où les stérilets, « vaccins » et autres contraceptifs sous-cutanés, hormonaux ou non, sont vantés comme la solution face aux contraintes et aux oublis de la pilule.
 

114 millions de stérilets : la monstrueuse politique de l’enfant unique

 
Le qotidien gouvernemental anglophone Global Times raconte les affres de ces nombreuses femmes qui ont pour ainsi dire vécu pendant toute la durée de leur vie fertile avec un corps étranger dans le ventre pour éviter les grossesses – ou plus exactement pour obtenir l’expulsion précoce de tout ovule fécondé, c’est le mode d’action abortif prioritaire des dispositifs intra-utérins – et qui subissent une pénible et douloureuse opération d’enlèvement de stérilet après la ménopause.
 
Enlevés au forceps, incrustés dans la paroi utérine au bout de 25 ou 30 ans après l’implantation, oubliés et de plus en plus difficiles à extraire, les stérilets symbolisent la souffrance des femmes soumises au contrôle de leur fertilité. Elles parlent de douleurs comparables à celles d’un avortement. Ce n’est pas tout à fait pareil… Mais il y a cette violence qui n’est pas sans relation avec le viol, où la femme faite pour le don de la vie est malmenée au nom du mépris de sa nature propre et du refus de la vie.
 
Certaines femmes en viennent à perdre conscience et à subir des hémorragies lors de l’extraction du stérilet, pas toujours faite dans les temps – normalement, pas plus de 6 mois après le début de la ménopause, où l’utérus rétrécit et où la présence du corps étranger peut causer douleurs et inflammations.
 

La souffrance des femmes en Chine liée au refus de la vie

 
La population concernée est immense : selon des statiques officielles (remontant à 2006), sur les 230 millions de femmes utilisant une forme de contraception, près de la moitié, 114 millions, portaient un stérilet. Sur la seule période de 2000 à 2009, 7,81 millions de dispositifs ont été implantés, selon les chiffres cités par le Global Times. Avec une défectuosité – complications et autres problèmes – évaluée à 23,31 % sur un échantillon de 130.000 femmes suivies dans le cadre d’une étude officielle…
 
De nombreuses jeunes mères, spécialement dans les zones rurales et suburbaines, se sont vu proposer la mise en place d’un stérilet après la naissance et l’allaitement de leur premier et seul enfant. Une proposition plutôt contraignante puisqu’une équipe de treize avocates de Henan, Pékin et Shenzhen ont osé en 2012 envoyer une lettre à la commission nationale du planning familial, NHFPC, pour demander l’arrêt de cette pratique.
 
Elle a entraîné de nombreux problèmes, notamment chez les femmes de milieu très simple ou rural qui n’ont pas été correctement suivies alors que la présence d’un stérilet en acier ou en cuivre exige des contrôles réguliers, et qui ont souvent oublié la présence du dispositif : de nombreux problèmes de santé y sont liés et lors des opérations d’extraction tardive, avec évanouissements, nausées et arythmie.
 

Le stérilet et les contraceptifs longue durée : jamais innocents…

 
On évalue à 25 % le nombre de femmes rurales portant un stérilet jamais enlevé après la ménopause, faute d’information et de suivi adéquats.
 
Les femmes en âge d’avoir des enfants peuvent « bénéficier » en Chine de quatre services liés à la politique du planning familial : l’enlèvement du stérilet en fait partie mais seulement chez celles qui ont l’autorisation d’avoir un autre enfant, qui ont perdu leur seul enfant ou chez qui le stérilet pose des problèmes de santé. Les autres doivent payer… Et les sommes sont importantes, pour une opération qu’il faut souvent aller quérir dans une grande ville – et même d’autant plus importantes que le stérilet est difficile à extraire.
 
Certaines provinces proposent déjà une opération gratuite pour promouvoir la naissance du deuxième enfant devenu désirable aux termes de la nouvelle politique de planning familial, et en font même la publicité, ce qui ne règle pas le problème des femmes âgées.
 
Le fait que la presse « sous contrôle » en parle semble indiquer que les autorités publiques n’ont plus d’autre choix devant l’ampleur du problème…
 
Toutes choses à méditer alors que la tendance mondiale est à la promotion éhontée de contraceptifs de longue durée qui ne sont en réalité jamais innocents…
 

Anne Dolhein