Surveillance : Donald Trump appelle au boycott des produits Apple

Surveillance Donald Trump boycott Apple
Apple dans le collimateur de Donald Trump.

 
Tant qu’Apple ne fournira pas au FBI une « clef » pour accéder aux données des tueurs islamistes de San Bernardino, utilisateurs d’iPhones, le candidat à l’investiture républicaine Donald Trump a appelé les Américains au boycott de la firme et à recourir à d’autres Smartphones, quitte à cesser d’utiliser les produits qu’ils possèdent déjà. Syed Rizwan Farouk échangeait au moyen d’un iPhone 5C dont les données sont cryptées par défaut par son système d’exploitation. Donald Trump estime que la police fédérale doit pouvoir accéder aux données privées par tous les moyens – et non seulement selon les modalités légales qu’Apple s’est engagé à respecter en vue de faire avancer l’enquête sur le massacre.
 
En revanche, Apple s’est refusé à développer un système permettant de pirater des données cryptées comme le lui demande le FBI. « Le gouvernement des Etats-Unis nous demandent quelque chose dont nous ne disposons pas, une chose que nous considérons trop dangereuse pour être créée. Il nous a demandé de construire une porte dérobée permettant d’entrer dans l’iPhone », explique Apple. La demande fait désormais l’objet d’une procédure judiciaire que le constructeur informatique s’est engagé à mener jusqu’à la Cour suprême s’il le faut.
 

Donald Trump veut contraindre Apple à jouer à Big Brother

 
Apple considère en effet que son système de cryptage, installé par défaut depuis la mise en place de son système iOS8, assure une sécurité que la mise en place d’une entrée possible depuis l’extérieur compromettrait gravement. Apple ne possède pas les moyens pour décrypter ces données. Et même si ce cryptage peut en effet servir à couvrir des activités illégales, il est utile dans l’écrasante majorité des cas pour permettre aux utilisateurs honnêtes de protéger leurs échanges, leurs transactions, leurs données privées, leurs comptes en banque, leurs informations fiscales contre des piratages délictueux.
 
Tim Cook, PDG d’Apple, a indiqué qu’il se refusait absolument à créer un logiciel de contournement de ce cryptage, qui pourrait être utilisé contre n’importe quel utilisateur privé, en permettant le déverrouillage de son téléphone. Et avoir accès à l’ensemble de sa vie, depuis ses données de santé jusqu’aux photos et à chacun de ses déplacements. Créer une clef d’accès qui pour l’heure n’existe pas aboutirait immanquablement à la rendre un jour accessible aux pirates mal intentionnés ou des gouvernements hostiles, assure Tim Cook.
 

Le boycott des produits Apple pour exiger la surveillance

 
La demande de Donald Trump est donc contraire à l’intérêt du plus grand nombre, des citoyens honnêtes – et elle ne tient aucun compte des réalités du cryptage et des moyens pour le contourner. Sous couleur de répondre au légitime désir des Américains d’en savoir plus sur le massacre de San Bernardino et d’éviter des tragédies semblables, il ne fait que du « marketing » politique, contestable sur le plan des droits et irréfléchi sur le plan technique.
 
Le boycott est légal aux Etats-Unis – contrairement à ce qui se passe en France – et Donald Trump en est friand. Il a déjà appelé l’an dernier à ne plus rien acheter chez Starbucks dont les gobelets à café ne portaient pas de décorations spécifiques à Noël ; et aussi la chaîne Macy’s qui ne voulait plus commercialiser sa ligne de vêtements à la suite de ses remarques sur les clandestins mexicains, « tous violeurs et voleurs ». Les outrances de Trump ne semblent pas peser dans la réalité, puisque selon The New American aucun de ses appels au boycott n’a été suivi d’un effet mesurable.
 

Donald Trump parle avant d’avoir réfléchi

 
Pour Apple, Trump a déclaré qu’il cessait lui-même d’utiliser son iPhone, préférant utiliser son Samsung – au même moment où un de ses collaborateurs de campagne indiquait que Trump ne possède pas un téléphone Apple. Quant aux téléphones sous système Androïde, Google les a rendus capables de cryptage, même si cela ne se fait pas par défaut.
 
En définitive, toute cette affaire, et même l’appel au boycott de Donald Trump, ne font que renforcer de nombreux possesseurs d’iPhone dans l’idée qu’ils ont fait le bon choix en utilisant un téléphone qui protège leur vie privée.
 

Anne Dolhein