Syrie : pas d’accord à Vienne, notamment sur l’avenir du président Assad

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Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, à Vienne le 30 octobre 2015.

 
Les négociations de Vienne sur l’avenir de la Syrie et de son président, Bachar el-Assad, n’ont pas permis de trouver un accord, a déclaré vendredi, à la fin de la conférence internationale, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier.
 
« Il n’y a toujours pas eu de percée, mais cela n’était pas attendu pour aujourd’hui », a-t-il ajouté. On se console comme on peut…
 

Pas d’accord à Vienne sur la Syrie

 
La réalité est légèrement différente. Une majorité de participants souhaitait travailler à l’établissement d’un gouvernement de transition pour remplacer le président Assad, mais le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’en est tenu à la ligne qui est celle de Moscou, à savoir qu’il revenait « au peuple syrien de décider du sort d’Assad ».
 
Le communiqué commun publié à la fin du rendez-vous consacre cette différence entre les participants, puisqu’il appelle à l’instauration d’un cessez-le-feu en Syrie, à la relance de négociations sous l’égide des Nations unies entre le gouvernement et l’opposition, et à la tenue de nouvelles élections. Si l’éviction d’Assad transparaît entre les lignes, elle n’est donc cependant pas mentionnée.
 
Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a néanmoins trouvé motif à satisfaction : « Il y a des points de désaccord, mais nous avons suffisamment avancé pour que nous nous retrouvions, dans la même configuration, dans deux semaines », reconnaissant que « le principal point de désaccord est le rôle futur de Bachar al-Assad ».
 

La question de l’avenir du président Assad

 
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a confirmé, pour sa part, que son pays, la Russie et l’Iran « s’étaient mis d’accord pour ne pas être d’accord » sur le sort à réserver au président Assad.
 
On notera que, contrairement à ce que pense Laurent Fabius, les Américains n’ont pas l’air de croire que la solution puisse résider dans un accord prochain. Et que, par ailleurs, John Kerry n’évoque que trois des pays participant à la conférence. Les autres n’ont pas l’air de compter beaucoup dans son esprit…
 
Le secrétaire d’Etat américain a réitéré la position de son pays, à savoir « qu’il n’est pas possible que le président Assad puisse unifier et gouverner la Syrie ». « Nous pensons, a-t-il ajouté, que les Syriens méritent d’avoir un meilleur choix. »
 
Mais alors, pourquoi ne pas les laisser, justement, faire ce choix, comme le demandent les Russes ? Les Américains ont décidément une curieuse interprétation du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, puisqu’ils pensent que c’est à eux de décider ce qui est meilleur pour le monde, c’est-à-dire pour eux !
 
L’Iran a bien montré que cette lecture occidentale des discussions était partiale, puisqu’elle n’est pas la sienne. Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, a en effet assuré que « certains pays avaient tenté d’inclure un calendrier pour le départ de Bachar al-Assad ». « Mais, avec les efforts faits, cette partie a été supprimée », a-t-il ajouté avec satisfaction.
 

Un avenir incertain

 
Il faut dire que la décision américaine d’envoyer des troupes au sol en Syrie a quelque peu tendu l’atmosphère entre les Occidentaux et leurs partenaires, même si la Maison-Blanche a assuré que les militaires envoyés sur place n’auraient pas de « missions de combat ».
 
En bref, tous les participants sont d’accord pour que la situation s’arrange – ce qui ne nécessitait pas de se réunir des quatre coins du monde. Mais ils s’opposent pratiquement sur les moyens, puisque, quelque évolution politique l’on mette en place en Syrie, elle posera nécessairement, à un moment ou un autre du processus, la question de l’avenir du président Assad…
 

François le Luc