Taxe Tobin : l’Union européenne repasse les plats

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Plus de quarante ans après la proposition faite par le prix Nobel d’Economie américain James Tobin – décédé depuis –d’une taxe sur les transactions financières internationales (pour ne pas dire mondiales), véritable serpent de mer des pays développés, n’en finit plus d’être discutée parmi les Etats-membres, de plus en plus nombreux, de l’Union européenne.
Samedi dernier, les onze pays les plus acharnés – sinon intéressés (?) – à son adoption, parmi lesquels l’Allemagne et la France, se sont retrouvés à Milan, afin de se mettre d’accord en vue d’une adoption d’ici la fin de l’année, malgré les oppositions qui restent très vives au sein des Vingt-Huit.
Les ministres des Finances réunis dans la capitale lombarde savaient qu’ils n’avaient guère le choix. D’après les premiers accords, cette nouvelle taxe mondiale devrait s’appliquer à compter du 1er janvier 2016. D’où la nécessité, soulignait François Hollande en juin dernier, d’en organiser la mise en place dès l’année prochaine.
Néanmoins, reconnaissait samedi le ministre allemand Wolfgang Schäuble, « le premier pas sera sans doute modeste ». Et effectivement onze pays pour imposer une taxe mondiale, cela paraît un peu faible. D’autant que les principales places financières y sont opposées, en raison du nouveau coup que cela constituerait pour la stabilité financière de l’Europe et, par contre-coup, pour la croissance. En tête des opposants, le Royaume-Uni qui a déjà du mal à gérer une opinion publique de plus en plus eurosceptique, et, de ce fait, contraire à toute idée de mondialisation qui ne soit pas le fait d’une réflexion britannique.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les suppôts de la taxe Tobin hésitent également. Ainsi, en janvier 2013, lorsque, à l’instigation de la Commission européenne, une procédure de « coopération renforcée » fut lancée sur le sujet, le ministre français des Finances de l’époque, Pierre Moscovici, salua « une étape historique ». Avant, trois mois plus tard, de soutenir discrètement une division par dix du projet de taxe… Aujourd’hui commissaire européen en charges des affaires économiques, on imagine qu’il va, une nième fois, retourner sa veste… avant, sans doute, de reprocher à son successeur Michel Sapin de s’en être tenu à ses réflexions d’alors.