Tesla, une société moins verte qu’il n’y paraît selon le rapport écologique de Morgan Stanley

Tesla moins verte écologique Morgan Stanley
 
Oui, c’est le géant des banques internationales, Morgan Stanley, qui fait exploser le mythe de la très luxueuse Tesla, le véhicule électrique 100 % écologique du constructeur visionnaire Elon Musk. Tesla, une société moins verte qu’il n’y paraît : voilà ce qu’affirme un rapport de la banque qui a fait le classement des meilleurs placements « écologiques » très recherchés par les investisseurs désireux de financer « vert ». Tesla Inc., naguère connue sous le nom de Tesla Motors, aurait selon toute logique dû se trouvé en haut du tableau. Mais en réalité, les voitures, que ce soit par leur construction ou à travers leur consommation, sont fort gourmandes en CO2.
 
Laissons de côté la question de la nocivité du CO2, pour adopter un instant le point de vue des « réchauffistes ». Pour un écolo qui se respecte, l’objectif est simple : réduire l’empreinte carbone, en finir avec les énergies fossiles, mettre au rebut des diesels et essence de papa et créer des véhicules 100 % propres.
 

Morgan Stanley découvre que les Tesla ne sont pas vraiment écologiques

 
Mais selon les calculs de Morgan Stanley, les économies de CO2 que permettent de réaliser les voitures électriques Tesla à l’exceptionnelle autonomie, une fois comparées aux facteurs « secondaires et tertiaires » relatives à leur fabrication, s’envolent. « Les émissions de carbone engendrées par l’électricité requise… sont plus importantes que celles évitées par les émissions directes de ces véhicules », affirme le rapport qui présente cela comme l’une des plus « grosses surprises » de cette étude, tant il est vrai que les mots « voitures électriques » créent une sorte de réaction pavlovienne chez le quidam, persuadé que celles-ci ne polluent pas. Cela vient notamment de la confusion entretenue, il faut le souligner, entre la pollution qui résulte des gaz d’échappement et le CO2 qui en soi n’est ni un poison quand il est à l’air libre, ni un polluant.
 
Selon le rapport de Morgan Stanley, le problème vient du fait que cette électricité utilisée est obtenue largement à partir d’énergies fossiles – c’est le cas de 72 % de l’énergie électrique produite aux Etats-Unis où les Tesla sont construites.
 
Une réflexion qui s’étend évidemment aux « pleins » d’électricité de ces voitures – et on ne parle même pas des problèmes environnementaux spécifiques liés à la construction des batteries nécessaires pour les faire fonctionner.
 
Même des tenants du réchauffement climatique, experts en gaz à effet de serre, tiennent un langage semblable. Ainsi Mike Berners-Lee, qui explore « l’empreinte carbone de tout » pour reprendre le titre de son livre éponyme, expliquait au début de l’année : « Si votre kilométrage est peu important, mieux vaut garder votre voiture à essence. » Logique : si l’on tient compte de toute l’énergie nécessaire pour construire un nouveau véhicule, « c’est un choix beaucoup plus “vert” de garder la voiture en parfait état de fonctionnement que vous possédez, plutôt que d’aller en acheter une nouvelle », déclarait-t-il alors, un brin iconoclaste, dans un entretien avec la revue de gauche, Salon.
 

Une voiture Tesla, moins “verte” que votre vieille guimbarde à essence ?

 
Pour construire un véhicule neuf, et spécialement un véhicule électrique, il faut extraire les matières premières, ce qui représente déjà une belle addition de CO2 : il faut y ajouter l’acheminement desdits matériaux, puis, la construction achevée, le transport des véhicules eux-mêmes, souvent par mer dans des cargos gourmands en pétrole. Ne pas oublier non plus la construction et le fonctionnement des usines de manufacture elles-mêmes, et des usines de manufacture des robots qui servent à construire les voitures.
 
La réputation écologique de Tesla justifie en outre des dépenses publiques : les premières, pour attirer les usines de construction dans certains Etats des Etats-Unis, les secondes, en subventions aux acheteurs encouragés par ce moyen à acheter des voitures vertes qui sans ces aides, seraient beaucoup trop chères et ne perceraient même pas sur le marché. Ce fait n’est pas pris en considération par Morgan Stanley ; il est souligné par Bob Adelmann de The New American.
 
Dans un marché libre, on peut supposer que les Tesla n’auraient guère eu de succès, note celui-ci. Cela n’empêche pas la capitalisation boursière de la société Tesla Inc. de dépasser aujourd’hui allègrement celle de General Motors – alors même que Tesla a perdu 773 millions de dollars en 2016, pour 76.000 véhicules vendus l’an dernier, contre 10 millions de véhicules vendus par GM qui a enregistré un profit de 9 milliards de dollars.
 
Comme quoi les investisseurs sont eux aussi sensibles à l’idéologie – à moins qu’ils n’anticipent de nouvelles réglementations anti-pétrole accompagnées de nouveaux milliards publics déversés dans l’escarcelle de l’industrie dite « verte ». Mais alors, il faut arrêter de parler d’économie de marché…
 

Anne Dolhein