Tony Blair veut une école mondiale de l’humanisme contre l’extrémisme

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L’ancien Premier ministre du Royaume-Uni, Tony Blair.

 
La semaine dernière au forum global de l’éducation à Doubaï, l’ancien premier ministre britannique Tony Blair a exhorté les démocraties à combattre fermement l’extrémisme, et a présenté l’enseignement de l’humanisme et de ses valeurs à l’école comme une « obligation mondiale ».
 
Lorsqu’il habitait au 10 Downing Street, Tony Blair fut le plus ferme soutien de George W. Bush, le plus ardent défenseur du grand mensonge des armes de destruction massive en Irak, et, quand plus personne ne crut à celui-ci, le plus chaud partisan du rétablissement de la démocratie comme objectif de remplacement pour faire la guerre à Saddam Hussein. Il s’agissait alors de combattre les Etats voyous pour la plus grande gloire de « l’axe du bien », c’est-à-dire de l’humanisme anglosaxon et mondialiste. Sorti de charge Tony Blair continua le combat en lançant une fondation « pour une meilleure compréhension entre les religions et une réponse au défi de l’extrémisme ». La ligne de séparation entre le bien et le mal passe aujourd’hui à l’intérieur de chaque Etat, il s’agit de combattre les mauvaises pensées partagées par les individus voyous dans chacun d’entre eux, aussi bien en Europe qu’au Proche-Orient.
 

Pour Tony Blair, « l’ère de l’anxiété » favorise l’extrémisme

 
Lors de la réunion mondiale de Doubaï, Tony Blair a déploré que le « libéralisme mou » n’entraîne plus les peuples, et qu’entre ce « libéralisme mou et la ligne dure, ils préfèrent la ligne dure ». Selon lui, « l’ère de l’anxiété », symbolisée par les attentats de Paris et Bruxelles, « ouvre la porte aux extrêmes ». D’où, toujours selon lui, la percée « populiste ». Une percée favorisée par le fait que « les modérés sont trop souvent sur la défensive ». Et que l’Occident passe son temps «  à se sentir coupable ». Cette attitude est nocive à son gré, « il faut contre-attaquer ». Il a donc appelé les démocraties à un « centrisme musclé » qui couperait l’herbe sous le pied de ce qu’il nomme l’extrémisme.
 
Cet extrémisme a pour lui deux faces, ceux qui se recroquevillent dans « l’isolationnisme culturel » au Proche-Orient, id est l’Etat islamique et les autres « intégrismes musulmans », et ceux qui en font de même en Europe, id est les populiste, l’extrême droite, les nationalistes. Manifestement, Tony Blair renvoie dos à dos ces deux formes d’extrémisme, qu’il attribue à « la haine et l’étroitesse d’esprit », et appelle un humanisme sûr de lui et dominateur à les combattre par une stratégie mondiale.
 

L’humanisme doit affirmer ses valeurs à l’échelle mondiale

 
Elle consiste à ne « pas avoir peur d’affirmer certaines valeurs », comme par exemple les droits des femmes, et de montrer qu’il ne « s’agit pas de valeurs occidentales, mais de valeurs communes » à toute la communauté mondiale des gens de bien. Et Tony Blair de marteler : « Nous devons être clairs : personne n’a le droit d’abroger certains droits humains ». Il n’y a rien au-dessus de l’humanisme anglosaxon et maçon, ou, pour employer un autre terme, de la démocratie, et tout est bon pour le défendre, comme ce fut naguère le cas en Irak.
 
Cette dialectique est sans mystère mais plus subtile qu’il n’y paraît. D’un côté elle permet de ramener dans le giron de l’humanisme démocratique les peuples tentés par la « fausse réponse » nationaliste, en leur montrant que le « centrisme musclé » prend leurs revendications en compte et en finit avec les aveuglements et les repentances passées des modérés. De l’autre elle met à profit le combat que l’humanisme a lui-même organisé entre ces deux formes « d’extrémisme » pour faire adhérer les peuples à son projet d’hégémonie mondiale. Face aux « fous sanguinaires » de l’Etat islamique et aux « populistes nauséabonds », n’importe quel européen normal choisira le « centrisme musclé », une fois débarrassé de ses excès de repentance et de guimauve. Sans prendre garde que c’est la politique de l’humanisme anglosaxon qui a créé de toutes pièces les « fous sanguinaires » et que les « populistes nauséabonds » sont juste la voix d’un continent qu’on envahit et qu’on égorge. Un vocabulaire bien choisi est la clef de la manœuvre, les bons mots permettant d’évacuer les vilaines choses, la réalité qui gêne : ainsi, pour masquer l’invasion de l’Europe par des cohortes de jeunes prédateurs d’abord mus par l’appât de l’argent et de la vie facile, utilise-t-on le mot « réfugiés », qui fait fondre les cœurs et donne la clef du garde-manger.
 

Tonny Blair prône un humanisme mondialiste musclé

 
Car Tony Blair a choisi son camp et annonce clairement la couleur. Sans doute admet-il que la crise des migrants « préoccupe » les Européens, mais ils leur reproche sans ménagement la tentation du « protectionnnisme » qui les saisit. Musclé ou pas, son « centrisme » exige des frontières ouvertes, il est toujours à cent pour cent « partisan du multiculturalisme », pourvu que ce multiculturalisme soit politiquement et moralement régi par l’humanisme maçon et anglosaxon. Et pour que cet admirable vecteur de civilisation et de vivre ensemble puisse vaincre l’extrémisme, il faut changer l’école, où s’enseignent aujourd’hui la haine, le rejet de l’autre, l’étroitesse d’esprit qui engendrent à terme l’extrémisme. C’est une « obligation mondiale ». L’enseignement de l’humanisme et du vivre ensemble à l’école est la seule solution efficace pour Tony Blair. Et il réclame une action mondiale en ce sens. Les méthodes et les programmes devront être révisés pour ne plus diffuser le moindre atome de « haine », de « préjugé », « d’étroitesse d’esprit » : sera éradiqué tout ce qui sent de près ou de loin l’identité nationale, la civilisation chrétienne, tout ce que le gourou mondialiste Peter Sutherland nomme « les vieilles mémoires » dont il faut se débarrasser pour combattre « l’extrémisme ».
 

L’école préceptrice de la gouvernance mondiale

 
C’est-à-dire que, sous couleur d’en finir avec la repentance et d’écouter un peu la revendication des peuples d’Europe, on les spolie un peu plus d’eux-mêmes, on les précipite par l’école vers une morale mondiale qui amènera la gouvernance du même nom. L’humanisme avance à pas de géant, sans plus se cacher maintenant, parce que toutes les forces qui pouvaient vraiment s’opposer à lui sont réduites à quia. Et il a installé des mécanismes capables de détecter tout éventuel opposant, à tout niveau. Il est significatif que Channel, le système de surveillance de la radicalisation à l’école lancé par le ministre britannique de l’intérieur Theresa May, ne décompte que 37 % de musulmans parmi les élèves touchés par l’extrémisme : qui sont donc les 63 % restants ? Big Brother a l’œil sur toute forme possible de dissidence, et, sous Cameron comme sous Tony Blair, l’Angleterre est en pointe de la gouvernance mondiale.
 

Pauline Mille