Transsexuel : Bruce-“Caitlyn” Jenner, la star médiatique du moment

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Les problèmes psychologiques privés de Bruce Jenner, médaillé d’or aux Jeux olympiques d’été 1976 à l’épreuve-reine du décathlon, ont fait la une de Vanity Fair, « magazine culturel chic ». « Appelez-moi Caitlyn » : méconnaissable, le corps « photoshoppé » de l’athlète s’affiche en bustier sexy, son visage ressemble à ce qu’il est, le fruit d’un lifting sur un homme de 65 ans. Il a fallu dix heures de chirurgie de reconstruction faciale, quelques hormones pour donner du volume à la poitrine et une bonne dose de complicité médiatique pour en arriver là. La star du moment est devenue l’emblème des « trans » qui s’assument. « Il » veut être « elle ». Les médias saluent son « courage », en même temps qu’une campagne mondiale met sur le devant de la scène les « droits des transsexuels ». Et au passage tout le monde gagne beaucoup d’argent…
 
Ne mettons pas en doute les problèmes psychologiques certainement très profonds de Bruce Jenner. Ce qu’il y a de plus choquant dans cette affaire est bien son exploitation par la presse « people » ; l’opération de séduction du grand public ; la volonté de lui donner un côté « glamour » qui fait du transsexuel qui s’assume le modèle à suivre. Vingt-deux pages, pas moins, pour un numéro qui se vendra bien.
 

Les stars du grand écran saluent la transsexuelle « Caitlyn »

 
Du côté du monde des stars, c’est le même enthousiasme. Mia Farrow, Jessica Lange, Lady Gaga, Eva Longoria, Elle, DeGeneres, Demi Moore ne tarissent pas d’éloges pour sa « bravoure » et pour son « âme authentique ». Barack Obama a estampillé de son autorité présidentielle l’aventure de Bruce Jenner. « Etre enceinte, c’est bien. Changer de sexe, c’est mieux », observe le quotidien suisse Le Temps (qui salue le geste de Bruce-Caitlyn d’un blasphème que je ne répéterai pas ici) : la grossesse de Kim Kardashian, belle-fille de Bruce (désormais dotée de deux belles-mères ?) a été « éclipsée sur les réseaux sociaux » par cette « nouvelle autrement plus spectaculaire ».
 
Bruce Jenner est-il vraiment devenu femme ? Il s’est certes acheté le droit de parler chiffons lors de « soirées copines » (ainsi que le raconte « Caitlyn » dans Vanity Fair), et quelques coups de bistouri ont adouci les lignes de son visage, mais il n’a pas subi d’opération pour changer de sexe. Il est devenu un être qui se contredit lui-même, dépendant du regard d’autrui et d’un maquillage savant pour sa propre identité. Il n’est pas sûr qu’il soit au bout de ses problèmes psychologiques…
 
Ce qui est sûr, c’est qu’au terme de sa chirurgie faciale, à la mi-mars « Caitlyn » s’est réveillée paniquée en se disant : « Qu’ai je fait ? Qu’est-ce que je me suis fait ? » Son médecin l’a rassurée, disant que c’était l’effet des analgésiques. Pas si sûr… « Caitlyn » a tendance de parler d’« elle » à la troisième personne…
 

Bruce Jenner, père de famille, trois épouses, six enfants, coqueluche médiatique

 
Mais « Caitlyn » peut difficilement renier sa vie d’homme. Bruce Jenner s’est marié trois fois. La première fois c’était avec Chrystie Crownover, qui lui a donné deux enfants, Burt et Casey. Mais Casey a failli ne jamais voir le jour : le couple battait de l’aile lorsque Chrystie était enceinte de son deuxième bébé, et Bruce a insisté pour qu’elle avorte. Tout était prêt, le rendez-vous pris et l’opération payée lorsque des amis ont convaincu la jeune femme de faire ce qu’elle voulait, elle : garder l’enfant. Bruce, raconte son « ex », a fini par accepter et aimer cet enfant, après sa naissance.
 
Bruce devait se remarier deux fois, et avoir deux enfants de chaque mariage. La plus jeune, Kylie, 17 ans, fille de Kris Kardashian, a avoué que la découverte que son père était transsexuel l’a bouleversée : « J’ai l’impression de traverser des périodes où je déteste ma vie », a-t-elle raconté le mois dernier à Vanity Fair.
 
Les autres enfants se montrent plus compréhensifs. Politiquement correct oblige ? C’est bien le politiquement correct qui domine dans ce qui reste un fait divers en réalité sans intérêt, si ce n’est en ce qu’il révèle la confusion des uns et les malheurs des autres. Un politiquement correct exploité jusqu’à la lie pour sa capacité à provoquer l’approbation publique, par mimétisme à l’égard des grands de ce monde.
 

Anne Dolhein