Trois cents partis du monde réunis pour « l’initiative de Pékin », globalisation politique sous domination de la Chine communiste

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Les médias chinois, nécessairement communistes, disent tout haut ce que l’Occident globaliste avale tout bas. Le bien nommé Global Times nous « informe » que des délégués de trois cents partis du monde ont visité une exposition sur le développement de la Chine, avant un colloque « de haut niveau », du 1er au 3 décembre à Pékin. Venus de 120 pays, ils ont tout appris sur la lutte anti-corruption – sans qu’on y évoque la moindre ombre de purges politiques ou de défaut propre à la dictature –, le partage de bicyclettes ou les questions rurales. L’initiative de Pékin a au fond vanté la globalisation politique à la mode chinoise.
 

« L’initiative de Pékin » : une globalisation politique vantée par le “Global Times”

 
Mais le principal visait à faire adopter « l’initiative de Pékin », qui prône une meilleure communication entre les partis politiques du monde, un travail en commun avec « programmes partagés ». Une globalisation politique sur initiative chinoise pour mieux encadrer la globalisation économique dont Pékin est le meilleur avocat, avec la bénédiction des multinationales de la « nouvelle » économie. Dans le sabir pékinois, on appelle ça « la force d’une communauté de destin partagé ».
 
Le Global Times nous explique comment les délégués étrangers se pressaient pour obtenir le livre « Xi Jinping : la gouvernance de la Chine », bible du PC chinois. « Je vais en ramener pour les donner à mes proches, mais je crains qu’ils me fassent dépasser la limite de poids de mes bagages », déclare au Global Times un délégué africain. Rire obligatoire.
 

Trois cents partis, dont les Républicains et Démocrates américains, ont participé à l’initiative de Pékin

 
Le plus intriguant est de découvrir qu’à côté de représentants du parti Nur Otan du dictateur kazakh Nursultan Nazarbaïev, « et bien sûr des partis communistes du Vietnam et de Cuba », on croisait des délégués occidentaux, Démocrates et Républicains américains ou conservateurs britanniques. Le Global Times se fait un régal de le souligner, alors qu’on y lit un exercice de pure propagande anti-occidentale et de lutte contre le « populisme » : « Les pays développés espèrent aussi apprendre des leçons du parti communiste chinois. Song Luzheng, chercheur à Fudan, dit que les Occidentaux sont intéressés par la façon dont le PCC peut prévenir ou réduire l’influence du populisme et celle du capital ». Song Luzheng ajoute : « Les politiciens occidentaux sont devenus de plus en plus populistes, diviseurs et aliénants. Le PCC peut promouvoir des plan de long terme, prenant plus de responsabilités sur la scène mondiale et participant à la résolution des problèmes de gouvernance globale ». Le communisme chinois comme nettoyeur politique pour faire place au rouleau compresseur économique de la Chine : nos élites « démocratiques » auront été prévenues.
 

Sous la domination chine communiste, un exercice de propagande pour le parti unique

 
Le sinophile professeur Kjeld Brodsgaard, du Centre de recherches asiatiques de l’Ecole de commerce de Copenhague, relève que pour de nombreux pays la Chine est désormais le premier partenaire commercial. Cet observateur complaisant, utilisant la métaphore sanguine, considère que le personnel politique constitue l’une des clés du « succès chinois » car le parti injecte constamment du « sang nouveau », remplaçant « le sang vieux et corrompu ».
 
Même béatitude chez Christoph Matznetter, un dirigeant du parti social-démocrate autrichien en déroute, qui déclare au Global Times que le PCC étant le seul parti gouvernemental en Chine (qu’en termes choisis la dictature est ainsi dite), « il a de ce fait des responsabilités illimitées », en particulier contre la corruption. Pas un mot sur l’instrumentalisation de ses campagnes « d’assainissement » pour empêcher toute contestation.
 
Toujours concernant la corruption, le journal dédouane la dictature communiste en faisant dire à Song Luzheng « qu’elle n’est pas liée à un quelconque système politique mais bien plutôt à la transition économique et à la pauvreté ». Certainement pas à l’absence de contre-pouvoir ou d’indépendance de la justice cela va de soi.
 

Egyptien et Djiboutien enrôlés pour l’exercice de propagande anti-occidentale du Global Times

 
L’exercice de propagande se poursuit en retournant l’argument des pays occidentaux sur la démocratisation. Le Global Times fait ainsi dire au vice-président du parti égyptien national-libéral (minoritaire) Wafd, Hossam El-Khouly, que « De nombreux pays occidentaux usent de la rhétorique sur la démocratie et les droits de l’homme pour nous faire la leçon, obstacle important à la coopération, mais si vous les interpellez sur leur propre respect des droits de l’homme, ils arrêtent la conversation ». « Certains pays ont utilisé ce prétexte pour en envahir d’autres, un désastre et un discrédit pour l’Occident, et c’est l’une des raisons pour lesquelles la Chine est perçue plus positivement en Afrique et ailleurs », poursuit-il, au grand régal du rédacteur chinois. Pour faire bonne mesure, un Djiboutien raille les accusations de « néocolonialisme » contre l’influence croissante de la Chine en Afrique, qui vient de construire une ligne de chemin de fer ultra-moderne entre Djibouti et Addis-Abeba et investit le continent pour drainer ses richesses et inonder son marché.
 
L’exercice de propagande anti-occidentale se développe sur une pleine page. Personne ne pourra dire qu’il n’a pas été prévenu.
 

Matthieu Lenoir