Trump, les Haïtiens et les Papous : une politique de l’immigration pas « correcte »

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Soixante mille Haïtiens jouissaient d’une dérogation temporaire à la politique d’immigration US. En y mettant fin, Trump déchaîne la planète politiquement correcte, mobilisée aussi contre l’Australie, que les Papous ont poussé à évacuer le camp de migrants de Manus, en Nouvelle-Guinée. Dans les deux cas, l’application de la loi fait scandale.
 
Chacun sait en Europe que Donald Trump est un monstre populiste et raciste. Tout ce que le politiquement correct compte de crânes d’œufs avait donc prévu que le statut particulier des Haïtiens prendrait fin très vite. Il leur avait été octroyé en 2010, lors du séisme qui avait ravagé leur île, et leur permettait de travailler aux Etats-Unis même une fois leur visa expiré. Or, au mois de mai, le département de la sécurité intérieure américain (DHS) avait annoncé qu’en raison des « progrès considérables » accomplis en Haïti, le statut spécial des Haïtiens ne serait « probablement pas prorogé au delà de six mois ».
 

Trump applique la loi aux Haïtiens comme aux autres

 
Le 20 novembre, le même DHS, ayant analysé la genèse du statut dérogatoire des Haïtiens, estime que les « conditions extraordinaires mais temporaires (qui le justifiaient) n’existent plus ». En d’autres termes, puisque ça va mieux chez eux, il n’y a plus de raison que les Haïtiens bénéficient aux Etats-Unis d’un statut spécial : « Depuis le tremblent de terre, le nombre de personnes déplacées en Haïti a diminué de 97 %. Des mesures ont été prises pour améliorer la stabilité et la qualité de vie des citoyens ».
 
C’est au fond exactement ce que disait l’autre jour Emmanuel Macron à la Marocaine qui quémandait une carte d’identité française : « S’il n’y a pas de danger, rentrez chez vous ». Autrement dit encore, cela revient simplement à appliquer la loi et se conformer au bon sens élémentaire : voilà probablement ce qui a provoqué une levée de bouclier du lobby de l’immigration.
 

A Manus, les Papous suivent la décision de leur Cour suprême

 
Et c’est toujours à l’application de la loi que s’en prend à l’autre bout du monde le même politiquement correct, à Manus. L’île de Manus est la plus grande des îles de l’Amirauté, située au large de la Nouvelle Guinée, dans sa partie orientale qui forme l’Etat indépendant de Papouasie (sous influence australienne), l’ouest étant occupé par l’Indonésie. Cette partition découle du partage ancien de la Nouvelle Guinée entre les Pays-Bas (puissance coloniale en Indonésie) et l’Australie (puissance coloniale ayant pris au début du vingtième siècle la suite du Royaume-Uni).
 
En 2001, par un accord entre les Papous et les Australiens, ceux-ci construisaient un camp de rétention pour les clandestins arrivés dans la région par bateau, le temps d’estimer la validité de leur demande d’asile. La chose fonctionnait depuis quinze ans à la satisfaction des deux parties quand la Cour suprême de Papouasie-Nouvelle-Guinée a jugé, le 26 avril 2016, le centre contraire à la dignité humaine et donc illégal, enjoignant au gouvernement de le fermer : les Papous ont demandé aux Australiens de se conformer au jugement, ce qui se fait aujourd’hui dans les hurlements du politiquement correct – pourtant à l’origine du jugement.
 

Une immigration pas correcte et dangereuse, les clandestins

 
La police papouasienne a commencé aujourd’hui à évacuer de force les clandestins détenus du centre de Manus, conformément à la décision de justice, sur ordre du gouvernement papou et avec l’accord du gouvernement australien. Le ministre australien de l’immigration, Peter Dutton a déclaré : « Je crois qu’il est scandaleux que des gens soient toujours là-bas. Nous voulons qu’ils partent ». Le camp est en effet officiellement fermé depuis des semaines, l’eau et le gaz ont été coupés, mais les clandestins s’y accrochent, refusant de partir pour les camps de transit qui leur sont offerts. D’où l’intervention de la gendarmerie papoue, qui suscite l’indignation fabriquée des médias occidentaux.
 

Le triptyque juges-ONG-médias pousse la politique d’immigration

 
Le Monde, toujours à la pointe du politiquement correct, cite des « témoignages ». L’un provient de Zoe Edwards, porte-parole de l’ONG australienne GetUp : « Des hommes sont emmenés de force vers les bus, apparemment vers d’autres centres ». L’autre de Behrouz Boochani, migrant iranien (les chemins du droit d’asile mènent à des destinations improbables) qui se veut la voix des « habitants du camp ». D’après lui « la police, les forces spéciales, les escadrons de police sont là par centaines (sic) ». Ou encore « Les soldats de marine sont à l’extérieur. On nous attaque ». Derrière cet affolement fabriqué, une réalité simple : le gouvernement applique une décision de justice prise au bénéfice même de ceux qui s’en plaignent. Et dans l’affaire, le triptyque caractéristique juges-ONG-médias déroule sa propagande sentimentaliste en faveur de l’immigration sauvage.
 

Les Papous sont las comme Trump de l’immigration sauvage

 
Plus intéressante pour une perception nouvelle du phénomène de l’immigration, la position des Papous. Chacun sait qu’aux Etats-Unis les Blancs lassés de l’invasion soutiennent Trump. Mais il est moins banal et tout aussi caractéristique qu’en Nouvelle-Guinée les Papous soutiennent la position de l’ancienne puissance de tutelle. Ce n’est pas seulement pour le bénéfice financier qu’ils en tirent (aide, notamment, en matière de santé), c’est aussi parce que les Papous craignent l’immigration.
 
Ils savent de quoi ils parlent. L’Indonésie a organisé dans les grandes îles peu peuplées de la région, Kalimantan (partie indonésienne de Bornéo), et Irian Jaya (partie indonésienne de la Nouvelle Guinée) ce qu’ils appellent la « transmigrasi », c’est-à-dire un transfert d’immigration à partir de leurs îles surpeuplées, telle Java. Les Papous de l’Est n’ont pas envie de subir le sort de leurs frères Papous de l’Ouest ou des Dayaks de Bornéo. D’autant que parmi les clandestins figurent beaucoup d’hommes de race malaise : entre deux maux, les Papous préfèrent les Australiens qui pillent les ressources minières au grand remplacement par des immigrés qui leur prendraient leurs terres. On note un phénomène analogue chez les Noirs, les mulâtres et les Indiens de Guyane : mieux vaut la France à Kourou avec les gendarmes et la légion que le Surinam ou le Brésil, avec leurs hordes d’affamés ou/et de prédateurs.
 

Pauline Mille