Trump et la sécurité nationale : les menaces de la Russie et de la Chine remplacent celles du climat

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Changement de cap radical en matière de sécurité nationale aux Etats-Unis. Donald Trump tourne le dos à l’ère Obama en abandonnant le dogme de la menace du « changement climatique », citant en priorité Russie et Chine tant dans la course au développement économique que dans le domaine militaire. Le premier plan stratégique de Donald Trump, le NSS, un document de 56 pages publié lundi après un an de préparation, dénonce la « complaisance » des précédentes administrations depuis la chute de l’Union soviétique. Il adopte une approche de type « guerre froide » en matière de relations extérieures, soulignant l’importance de l’arme nucléaire, « fondement de notre stratégie pour préserver la paix et la stabilité », et qui va être l’objet de « nouveaux investissements significatifs ». Le document souligne que la Russie et la Chine tentent « de contester la puissance américaine, son influence et ses intérêts » et « amoindrissent sa sécurité et sa prospérité ». Bien plus que le « climat ».
 

Trump dénonce la Russie « qui veut affaiblir les démocraties », et les traités « désastreux »

 
« Avec le plan stratégique que j’annonce aujourd’hui, nous déclarons que l’Amérique est bien dans le jeu et que l’Amérique va gagner », a lancé Donald Trump. Le président américain s’en prend à la Russie en l’accusant d’utiliser les armes de l’information « pour affaiblir la légitimité des démocraties », argument qu’il avait hésité à adopter jusqu’ici.
 
Donald Trump a critiqué aussi bien le démocrate Barack Obama que le républicain George W. Bush au sujet des traités commerciaux « désastreux » qu’ils ont signés et des « tromperies » vis-à-vis de l’armée. Pour montrer que sa présidence constitue déjà une rupture, il a souligné la victoire sur l’Etat islamique – qu’Obama avait indirectement favorisé –, le durcissement des sanctions contre la Corée du Nord et l’augmentation des dépenses des alliés des Etats-Unis dans l’Otan. « Les Etats-Unis commençaient à glisser ; nous avons subi une crise de confiance et renoncé à nos avantages dans des domaines-clés » a-t-il dénoncé. Et de viser aussi bien la Russie que la Chine, « déterminées à réduire la liberté et l’honnêteté des échanges économiques, à augmenter leurs dépenses militaires et à contrôler l’information pour réprimer leurs sociétés et accroître leur influence. »
 

Les supposées menaces climatiques ne font plus parties des priorités stratégiques

 
Autre rupture stratégique : les supposées menaces climatiques. Alors que le Pentagone les citait, sous l’ère Obama, comme une menace sur la sécurité nationale – tempêtes et submersions menaçant les côtes, températures extrêmes fragilisant le réseau électrique –, le plan stratégique de Donald Trump ne les intègre plus. Le Département de la Défense n’est donc plus tenu de financer certains programmes coûteux pour « combattre » le « changement » climatique supposément d’origine humaine. Des spécialistes du Pentagone nuancent en notant qu’il ne s’agit pas d’ignorer les défis climatiques mais qu’ils ne constituent plus une priorité absolue.
 
Pourtant, Donald Trump a insisté sur l’importance de la « prédominance énergétique » et de « l’autosuffisance », avec pour priorité la montée en puissance de la production d’énergie fossile – exact opposé de la stratégie d’Obama – considérée désormais comme un élément clé de la sécurité des Etats-Unis. Une rupture qui ulcère les commentateurs du très gauchiste Guardian britannique qui n’ont pas digéré que l’administration Trump eût dénoncé l’Accord de Paris sur le climat. Le Guardian insiste sur le fait qu’un rapport venait d’établir que même durant l’ère Obama la Pentagone avait admis ne pas avoir pris suffisamment de dispositions pour lutter contre le « changement climatique »…
 

En matière de sécurité nationale, Trump craint davantage la Chine et la Russie que le « réchauffement »

 
N’en déplaise au Guardian, la nouvelle orientation imposée par Donald Trump refuse que les Etats-Unis remplacent de vraies menaces stratégiques par celles des chutes de neige, des insolations ou des coups de vents. Barack Obama n’avait pas son pareil pour substituer à la réalité diplomatique des fantasmagories climato-apocalyptiques. La disparition du climat de la liste des priorités en matière de sécurité recadre même le secrétaire à la Défense James Mattis qui estimait en mars dernier que « le changement climatique a des répercussions sur la stabilité dans des régions du monde où nos troupes sont présentes ». Mise au point d’une source officielle : « Le changement climatique n’est pas identifié (par le nouveau document) comme une menace sur la sécurité nationale, mais le climat, l’importance de l’environnement et de la sauvegarde environnementale y sont évoqués. »
 
Une autre source officielle affirme en revanche que les arguments de Trump énoncés en juin pour justifier le retrait des Etats-Unis des Accords de Paris (qui imposent une forte réduction des émissions de CO2 en priorité aux économies développées) seront « la référence pour l’argumentaire du plan stratégique concernant le climat ». Dans son discours, le président américain avait alors lancé qu’il avait été élu « pour représenter les citoyens de Pittsburg, pas de Paris » et affirmé que ces Accords « étouffaient les Etats-Unis tout en renforçant plusieurs des pays les plus polluants de la planète ». Comprendre Chine, Russie ou Inde…
 

Matthieu Lenoir