Tueries de masse : les opioïdes et autres médicaments psychotropes commencent à être pointés du doigt aux États-Unis

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Il n’est pas question d’en faire l’explication numéro 1 de ces tragiques événements, ni de soutenir un bouc-émissaire approprié pour le lobby des armes… Seulement, de plus en plus de faits avérés font apparaître un lien qu’il serait malaisé de négliger : le rôle de ces médicaments psychotropes, anti-dépresseurs, de ces opioïdes de plus en plus utilisés outre Atlantique, tant et si bien qu’il s’agit maintenant d’une urgence sanitaire notoire. Un grand nombre des auteurs de ces tueries de masse en usaient – pour les autres rien n’a été dit publiquement, ce qui ne signifie pas non plus qu’ils n’en prenaient pas.
 
« Envies de suicides ou de meurtres » ne figurent que dans leurs effets secondaires rarissimes. Mais sur le nombre d’ordonnances générées, « rarissime » finit par signifier quelque chose.
 

Les tueries de masse sont en constante augmentation

 
Il est certain que les États-Unis font face à une accentuation du phénomène. Dans les années 1980, on comptait une tuerie de masse (au moins 4 personnes) par an en moyenne, contre une tous les 80 jours entre 2010 et 2016. L’OCDE classe dorénavant les États-Unis comme le pays développé le plus dangereux.
 
On peut accuser les outils de ces tueries, à savoir les armes : les États-Unis sont de fait le pays le plus armé au monde, avec près de 90 armes pour 100 habitants. Mais on opposera à cette conclusion vite faite la réalité bien plus tranquille de pays tels que la Suisse et la Finlande qui ont un taux relativement haut, avoisinant les 50 armes pour 100 habitants et où la législation est également tout à fait permissive – on peut acheter et posséder une arme dès sa majorité.
 
D’autres paramètres sont donc à considérer. Et le fait que l’auteur de la tuerie de Parkland prenait des médicaments pour des problèmes émotionnels a relancé un débat qui commence à peine à être médiatisé : le lien entre ces prises médicamenteuses et ces violences meurtrières, bien qu’encore une fois, corrélation ne signifie pas entière causalité.
 

Tueurs et opioïdes

 
Deux journalistes du site conservateur WDN ont répertorié les tueurs de masse qui prenaient des psychotropes – ils sont pléthore.
 
Parmi eux, Adam Lanza, du Connecticut, qui tua 26 personnes à l’école primaire Sandy Hook en 2013. Eric Harris, l’auteur du drame de Colombine qui tua avec son complice 13 personnes, en 1999, prenait du Luvox, antidépresseur moderne (« 4% des enfants et des jeunes développent un trouble mental dangereux et violent » en en prenant selon le fabricant). Patrick Purdy qui assassina cinq enfants dans une cour d’école à Stockton, en Californie, en 1989, prenait Amitriptyline, un antidépresseur, ainsi que le médicament antipsychotique Thorazine.
 
A Kip Kinkel, 15 ans, qui, en 1998, tua ses parents avant d’ouvrir le feu dans son école le lendemain, on avait prescrit du Prozac et du Ritalin. Le tireur de la Navy Yard, Aaron Alexis, qui tira sur 13 personnes en septembre 2013, était sous Trazodone, anti-dépresseur générique. Jeff Weise, 16 ans, qui abattit neuf personnes en 2005, dans le Minnesota, avait pris, lui, du Prozac…
 
C’est un « florilège ». La liste est beaucoup plus longue – et il ne s’agit que des tueries de masse.
 

Des médicaments aux effets secondaires redoutables : suicides et homicides

 
Alors bien sûr, si ces personnes prenaient des médicaments, c’est qu’elles souffraient d’un déséquilibre, de problèmes antérieurs. Néanmoins, elles n’étaient pas folles non plus. Une étude réalisée en 2016 pour le ministère américain de la Justice, qui portait sur 71 terroristes et 115 tueurs de masse, a révélé que seulement 20 % d’entre eux souffraient de troubles psychotiques. Dans la plupart des cas, les tueurs de masse ne sont pas des malades mentaux.
 
Et d’ailleurs on n’a pas besoin de l’être pour prendre ces médicaments psychotropes dont fait usage, rappelons-le, un Américain sur six… (le nombre de décès par overdose d’opioïdes est en hausse comme celui des meurtres)
 
Or leurs effets secondaires sont redoutables. Figurent parmi eux des « idées suicidaires » et même des « idées d’homicide ». Tous leurs usagers ne deviendront pas violents, mais un petit nombre certainement – c’est dûment signalé par les organismes internationaux de réglementation et Med Watch, le Programme de la FDA pour l’information sur la sécurité et l’innocuité des produits à usage médical et la notification des réactions indésirables. Et il est avéré que les enfants et les adolescents sont particulièrement réceptifs.
 

« L’ajout de drogues psychotropes à cette équation n’ajoute rien de bon »

 
Curieusement, comme le faisait remarquer le journaliste de WND, les media n’en parlent pas ou si peu. Les politiciens non plus. Il ne faut pas oublier que les lobbys pharmaceutiques, comme le faisait remarquer The Guardian l’année dernière, « dépensent beaucoup plus que toute autre industrie pour influencer les politiciens », ayant « injecté près de 2,5 milliards de dollars dans le lobbying et le financement des membres du Congrès au cours de la dernière décennie »…
 
Et puis, le plus souvent, les compagnies pharmaceutiques dépensent des centaines de millions de dollars pour régler leurs réclamations à l’amiable et les dissimulent souvent avec des accords de confidentialité.
 
Bien sûr, on ne va expliquer ces tueries de masse par les seuls médicaments psychotropes. Comme le notait à juste titre TheNewAmerican, et comme nous l’avons déjà dit sur RiTV, le relativisme moral et le nihilisme battent leur plein, la société du divertissement prétend combler le vide spectaculaire laissé par l’écroulement de la Foi, et la solitude vraie et la colère ont envahi les populations les moins favorisées.
 
Mais « l’ajout de drogues psychotropes à cette équation n’ajoute rien de bon » et empire sans doute les choses. Et puis ce n’est pas parce qu’un produit est légal qu’il est forcément bon.
 

Clémentine Jallais