La Turquie a intensifié sa « guerre contre le terrorisme »

Turquie guerre terrorisme
 
Moins d’une semaine avant des élections législatives qui pourraient compromettre son avenir, le gouvernement turc a intensifié sa « guerre contre le terrorisme », en multipliant les coups de filet contre les militants djihadistes de l’Etat islamique sur son territoire, et en frappant les combattants kurdes en Syrie. Les actuelles autorités politiques de Turquie paraissent ainsi décidées à montrer leur capacité à régler les problèmes de sécurité qui, entre autres, empoisonnent le mandat du président Erdogan.
 
Mardi à l’aube, la police antiterroriste turque a donc mené une vaste opération dans la ville de Konya, dans le centre du pays, et interpellé trente membres présumés du groupe Etat islamique. Simultanément, les forces de l’ordre ont arrêté vingt-et-un suspects à Istanbul, et vingt autres encore à Kocaeli, dans le nord-ouest de la Turquie.
 

La Turquie a intensifié sa « guerre contre le terrorisme »

 
L’armée a en outre annoncé ce même mardi avoir arrêté dix-sept personnes proches de l’Etat islamique qui tentaient de franchir illégalement la frontière pour se rendre en Syrie.
 
Ces diverses opérations interviennent au lendemain d’une fusillade qui a provoqué la mort de deux policiers et de neuf membres présumés de l’Etat islamique à Diyarbakir, la principale ville du sud-est à majorité kurde. Mais surtout après l’attentat-suicide qui avait fait 102 morts le 10 octobre à Ankara.
 
La police a précisé par ailleurs que les deux agents morts lundi n’avaient pas été tués par le déclenchement d’une bombe, comme elle l’avait cru au départ, mais qu’ils avaient en fait été victimes d’un kamikaze. Les autres tués suspectés d’appartenir à l’Etat islamique se préparaient eux aussi à commettre des attentats-suicide, selon ce qu’a indiqué localement un responsable des forces de l’ordre. Au cours de l’opération, un important arsenal a été saisi.
 
L’opération menée à Konya est présentée comme la plus importante menée par les autorités turques depuis qu’Ankara a rejoint la coalition anti-djihadiste l’été dernier.
 

Les Kurdes dans la ligne de mire

 
Elle vient appuyer la campagne du président Recep Tayyip Erdogan et de son premier ministre sortant Ahmet Davutoglu qui consiste à affirmer : ce sera « nous ou le chaos ».
 
Une campagne électoralo-policière qui vise aussi les Kurdes, englobés dans la lutte contre « toutes les organisations terroristes » qui menacent la Turquie.
 
Mardi, à côté de ses opérations anti-djihadistes, la police a également interpellé treize militants du Parti des travailleurs du Kurdistan – le fameux PKK – dans la ville d’Elazig. Depuis trois mois, en effet, les opposants kurdes ont repris leur campagne d’attentats ciblés contre les forces de l’ordre turques, et les discussions de paix engagées il y a trois ans paraissent désormais lettre morte.
 
Mais, quoi qu’il en soit des manœuvres actuellement menées par le pouvoir, les sondages ne créditent à l’heure actuelle l’AKP, le parti présidentiel, que de 41 à 43 % des voix dimanche, ce qui serait nettement insuffisant pour reprendre le contrôle du Parlement. Dès lors, la voie normale devrait être celle d’une coalition, dont on a vu ces derniers mois qu’elle était irréalisable.
 
En définitive, ce sera peut-être, pour reprendre l’image du président Erdogan, « nous et le chaos ». Ce qui n’est pas non plus de très bon augure en ce qui concerne la crise migratoire, à propos de laquelle l’Union européenne compte, c’est le cas de le dire, tellement sur la Turquie.
 

François le Luc