La Turquie se joue de l’Europe

Turquie joue Europe
 
Malgré les difficultés dont elle est le théâtre, la Turquie n’a pas perdu son moral. Elle se joue d’ailleurs de ses partenaires européens, poussant toujours plus loin ses revendications. Et dans le même temps, elle se moque de cette Europe qui semble n’avoir d’autre but que de devenir son partenaire, obtenant tout d’elle sans lui promettre, en définitive, autre chose que du vent. Le président Erdogan avait d’ailleurs donné le signe du peu de sérieux dans lequel il tient ses actuels partenaires, en se moquant de leur espoir d’obtenir le Nobel pour quelques dizaines de milliers de réfugiés reçus sur le territoire de l’Union européenne, alors que lui-même en abrite plus de deux millions…
 
Alors même que Recep Tayyip Erdogan se trouve dans une position politique délicate, et que certaines régions de son immense pays sont, comme l’observent certains de ses proches, dans un quasi état de guerre, le président turc n’en continue pas moins à diriger le jeu dans la partie que les Européens ont entrepris avec lui sur le dossier des réfugiés.
 

La Turquie se joue de l’Europe

 
« Pour l’instant, nous n’avons pas recensé de nouvel exode en provenance de Syrie, mais nous sommes prêts à cette éventualité si elle se présente », déclare-t-on à Ankara, manifestant ainsi que, d’une part, les Turcs n’ont pas besoin de nous pour gérer cette question, même s’ils prétendent nous soutirer, en la circonstance, des avantages pour le faire ; et d’autre part qu’ils sont en mesure de mieux gérer cette situation que les Européens, manifestement débordés par la crise migratoire.
 
De fait, il y a quelque chose de contradictoire dans la démarche européenne, et qui relève manifestement de la dialectique qui leur tient lieu de politique en cette affaire. Et l’on comprend que les Turcs puissent trouver cela risible, puisque que, concrètement, nous sommes prêts à les payer pour fermer des frontières que nous refusons de fermer nous-mêmes, mais que, en plus, nous reprochons à la Hongrie de fermer effectivement.
 
Pour cela, nous sommes prêts à leur donner des milliards, des visas, et même l’entrée de leur pays dans l’Union européenne.
 

En échange de quoi ?

 
Pour cela, qui reste d’ailleurs très flou. Car on ne peut pas dire que les Turcs aient offert quelque garantie que ce soit, même à l’occasion de la visite qu’Angela Merkel a rendue au président Erdogan.
 
Or la solution est on ne peut plus délicate, et risque, là encore, de nous exploser en pleine figure. Ankara ne donne en effet aucune assurance que les réfugiés ne franchiront pas sa frontière ouest pour se précipiter chez nous, comme certains d’entre eux le font d’ailleurs déjà en franchissant les quelques kilomètres d’eau qui les séparent de la Grèce.
 
Mais en outre la Turquie continue à recevoir des migrants, et l’on ne sait combien elle en accueillera finalement. Ils viennent de Syrie, bien sûr, mais aussi d’Irak ; et peut-être même de Libye, car il semble que les embarcations qui quittent les côtes libyennes ne se dirigent pas toutes vers l’Europe.
 

Des centaines de millions de turcophones

 
Parmi ceux-ci, Ankara ne fait pas mystère qu’il y a une proportion de turcophones qui, demain, n’auront qu’une demande à faire pour se voir attribuer un passeport turc…
… passeport turc grâce auquel, après-demain, si nous persistons à tout donner aux Turcs, ils franchiront allègrement nos frontières dans la plus parfaite légalité. Après quoi, il ne restera plus qu’à obtenir, mais c’est un jeu d’enfant, les aides sociales que nous donnons si généreusement.
 
A noter qu’il ne suffit pas d’être réfugié pour obtenir un passeport turc, mais bien d’être turcophone – c’est-à-dire de parler le turc, ou une langue turcique. Ce qui, d’après les calculs les plus récents, est le cas, notamment du côté de certaines anciennes républiques soviétiques, de quelque deux cents millions de personnes au moins…