Mise en garde contre la Turquie : elle n’entrera pas dans l’UE si elle rétablit la peine de mort

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Lundi – Recep Tayyip Erdogan venait d’évoquer la possibilité de rétablir la peine de mort en Turquie – Angela Merkel a décroché son téléphone pour lui faire la leçon. Qu’il le sache : la Turquie ne pourra rejoindre l’Union européenne si le président turc commet l’irréparable en contredisant les valeurs de l’UE. Ainsi les choses sont claires : il y a un bien et un mal, c’est la communauté internationale, que dis-je, supranationale qui les définit, et en dehors de cela il n’y a salut, ni adhésion.
 
Après l’arrestation de milliers de personnes dans la foulée du coup d’Etat raté de vendredi dernier, Erdogan a clairement indiqué qu’il entendait employer la manière forte contre les putschistes et leurs complices, assurant qu’il répondait en cela à la volonté du peuple turc. Dans un entretien avec la chaîne américaine CNN, le président turc a qualifié le coup d’État d’« acte de trahison » : un crime qui mérite la mort.
 

La peine de mort est proscrite dans l’UE

 
Lors de ce premier entretien avec les médias depuis le 15 juillet, il a déclaré : « Les gens ont aujourd’hui l’idée, après tant d’incidents terroristes, que ces terroristes doivent être tués, voilà où ils en sont, ils ne voient pas d’autre issue. » On peut s’interroger sur la qualification « terroriste », on pourra également mettre en doute la volonté des Turcs à ce sujet. Mais le sentiment que leur attribue Erdogan est de ceux que l’on entend au zinc des cafés après des faits divers sanglants : « Pourquoi devrais-je les garder de mourir en prison pendant des années ? Voilà ce que disent les gens. Ils veulent qu’on en finisse vite, parce que des gens ont perdu des membres de leur famille des voisins des enfants… ils souffrent. Et ainsi le peuple est à fleur de peau et nous devons agir avec bon sens et en faisant preuve de sensibilité », a expliqué Erdogan.
 
A l’heure où s’exprimait le président turc, 8.777 officiers, dont 103 généraux et amiraux, avaient déjà été écartés pour leur rôle présumé dans le putsch, selon l’agence Reuters. Le tiers du haut commandement de l’armée turque s’est trouvé embarqué dans la rafle ; les hommes ont été parqués dans des centres de détention collectifs où ils ont été dévêtus et contraints de s’asseoir à même la terre en rangs serrés, les mains liées derrière le dos. Les prisons turques ne sont pas connues pour leur respect de la dignité humaine, ce qui n’a pas empêché l’ouverture de multiples chapitres de négociation avec l’UE…
 

L’Union européenne met en garde la Turquie

 
La Turquie a renoncé à la peine de mort pour les crimes ordinaires en 2002, avant de l’abolir totalement en 2004, afin de respecter les conditions posées par l’Union européenne qui n’admet pas la légalité de la peine capitale sur son territoire. La Turquie n’avait plus exécuté de condamné depuis 1984.
 
Si la peine de mort est réintroduite, ce sera au terme d’une révision constitutionnelle : Erdogan a précisé au cours de son entretien qu’il appartiendrait aux leaders des partis politiques de se réunir et d’en discuter et qu’il s’engageait à titre personnel à approuver toute décision émanant du Parlement à ce sujet.
 
En l’occurrence, il s’agirait d’une peine rétroactivement aggravée, ce qui est évidemment contraire aux principes du droit. Mais ce n’est pas sur ce point que l’Union européenne entreprend la Turquie d’Erdogan ; c’est sur le principe même de la peine de mort, dont on peut discuter de l’opportunité mais qui en soi n’est contraire à aucune règle morale.
 

Merkel et Mogherini, gardiennes du temple de l’UE

 
L’abolition de peine de mort fait justement partie des lois absolues, des « droits de l’homme sans Dieu » dont la communauté mondialiste, maçonnique, exige le respect pour avoir le droit de participer au concert des nations. Au même titre, aujourd’hui, que le « droit » à l’avortement, le respect des programmes de contraception, la « démocratie », fût-elle populaire, socialiste, et donc tyrannique… Et quelle que soit la volonté des peuples, d’ailleurs. Le principe révolutionnaire du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est comme la liberté révolutionnaire : ils ne souffrent pas l’opposition.
 
C’est ce qui explique que Federica Mogherini, responsable de la politique étrangère de l’UE, ait déclaré lundi que la Turquie perdrait toute chance de rejoindre le « club » européen en s’orientant dans cette voie, et qu’Angela Merkel ait pris directement contact avec Recep Tayyip Erdogan. Ce type de pression n’est pas nouveau. Ce qui l’est, c’est son caractère ouvert et sans complexes. Merkel n’a-t-elle pas demandé à son porte-parole de faire état de sa conversation avec le président turc ? L’idéologie maçonnique dominante ne se cache plus.
 

Turquie : savoir jusqu’où aller trop loin

 
On se souviendra cependant qu’en 2004, la Turquie avait été en butte à une campagne de pression similaire de la part de l’UE qui exigeait qu’elle renonçât à repénaliser l’adultère, comme elle en avait l’intention, pour pouvoir poursuivre les négociations d’adhésion. En l’occurrence, elle avait cédé, abandonnant son projet.
 
En fera-t-elle autant sur le chapitre de la peine de mort ? C’est un sujet sur lequel l’UE ne pliera sans doute pas : voilà donc un test pour savoir où en est Erdogan dans ses variations diplomatiques.
 
Il pourrait faire observer cependant que l’Occident globaliste, l’Union européenne et les autres autorités maçonniques qui prétendent à la suprématie morale fondée sur leur bon vouloir et non sur une quelconque transcendance, n’ont rien trouvé à redire à l’exécution de Saddam Hussein… Ni à la mise à mort, sans jugement, de Kadhafi. Leur morale est du type absolu à géométrie variable, ce qui ne doit pas étonner en ces temps de « dictature du relativisme ».
 

Anne Dolhein