Twitter veut mieux contrôler la moralité de son trafic… et son contenu politique : l’Alt right visée ?

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Le réseau de micro-messagerie électronique Twitter prépare une offensive contre « la haine et l’insulte » dans le cadre d’une mise à jour informatique, laissant planer une ambiguïté sur la définition de ces deux termes, entre légitime défense de la morale et répression de l’expression politique. Après une première rafale de tweets de son patron Jack Dorsey, un porte-parole de Twitter a confié au magazine en ligne spécialisé TechCrunch espérer « que les changements programmés » par le système et sa « collaboration avec le Conseil Trust and Safety (confiance et sécurité) démontrent le sérieux avec lequel (il) réactualise ses règles, la vitesse de la mise à jour de ses politiques et la façon dont (il) l’applique ». On se demande, en particulier aux Etats-Unis, si ce contrôle des contenus politiques vise spécialement l’« Alt right ».
 

La définition des « symboles de haine » ? TechCrunch pense déjà à la droite alternative, l’Alt right

 
Il s’agit pour Twitter, réputé pour être « infesté de trolls, de haine et d’injures », selon TechCrunch, d’adopter de nouvelles tactiques alors que jusqu’à présent la messagerie n’avait pas de règlement spécifique concernant le traitement des tweets violents ou des images, et que les « symboles de haine » n’avaient pas été clairement définis, souligne son responsable des politiques de sécurité. Au demeurant, la société n’a toujours pas défini dans sa nouvelle approche ce qui sera considéré comme « symbole de haine », mais elle affirme qu’en « toute priorité les images haineuses, les symboles de haine, etc., seront désormais considérés comme des échanges sensibles ». Déjà, croit savoir TechCrunch, « quant aux groupes violents (on pense à ceux de la droite alternative ou Alt right), Twitter prendra des mesures de répression », visant « des organisations qui ont historiquement utilisé ou utilisent la violence comme moyen pour faire avancer leur cause ». Twitter « doit encore préciser les paramètres qu’il utilisera pour identifier ce type de groupes », explique doctement TechCrunch, mais il est probable que la reductio ad hitlerum jouera un rôle plus important que la reductio ad stalinium.
 

Twitter va contrôler les tweets politiques et la moralité du trafic

 
Quant à l’islamo-terrorisme il serait aussi visé, c’est bien le moins, puisque Twitter, qui prend déjà des mesures contre des individus ou des groupes qui promeuvent ou utilisent la violence, promet d’étendre cette action à ceux qui la glorifient afin qu’il « ne constituent pas des réseaux de recrutement utilisant les sites sociaux », explique Twitter dans un texte au conseil Trust and Safety.
 
Désormais certains « symboles de haine » pourront dans un premier temps être accompagnés d’une mise en garde sur laquelle les destinataires devront cliquer pour pouvoir visionner le message
 

Contre le harcèlement, la nudité… non-consensuelle, les propositions sexuelles… non sollicitées

 
Une mise à jour des règles concernant la nudité « non consensuelle », comme la vengeance pornographique, est aussi prévue : « Nous suspendrons immédiatement et définitivement tout compte identifié comme la source originelle d’images représentant une nudité non consensuelle et/ou si l’usager montre clairement qu’ils sont postés dans une volonté de harcèlement de leur victime. » Des propositions sexuelles non sollicitées seront aussi l’objet d’une inspection particulière. « Nous allons modifier les règles pour bien montrer que ce type de comportement est inacceptable », poursuit le texte, révélant en négatif la dimension moralement nihiliste de ce monde virtuel. « Nous lanceront des actions de répression quand nous recevrons un témoignage de quelqu’un directement impliqué dans ce type de conversation », ajoute-t-il.
 
Le patron des services de sécurité de Twitter estime ainsi que le réseau « s’est rendu compte qu’une politique plus agressive et une meilleure approche répressive entraînera l’exclusion d’un plus grand nombre de contenus » tout en précisant qu’il « n’exclura que les contenus agressifs qui violent nos règles ». La ligne de crête est étroite entre le maintien de l’attrait d’un système de communication libertaire, condition de son attractivité, et une réglementation répressive qui pourrait faire fuir sa belle clientèle – 319 millions d’utilisateurs en 2016 – vers des concurrents moins regardants ou plus discrets, alors que l’entreprise continue de perdre de l’argent – 456 millions de dollars la même année. Eternelle contradiction entre l’intérêt et la morale.
 

Matthieu Lenoir