L’UE doit accueillir plus d’immigrants, selon l’ONU

UE immigrants ONU
 
Le message est redondant. Il doit passer. François Crépeau, Rapporteur spécial de l’ONU pour les droits de l’homme des migrants depuis 2011, a redit hier, jeudi, au terme d’une visite de quatre jours à Bruxelles consacrée à la gestion des frontières de l’Europe, le maître-mot de son rapport à venir : l’Union européenne ne gagnera pas son combat face au trafic d’êtres humains tant qu’elle continuera à se focaliser sur une plus grande sécurisation de ses frontières extérieures. Les pays de l’UE doivent reconnaître cette donnée impondérable et accueillir plus d’immigrants, en trouvant des solutions légales pour autoriser leur entrée dans l’Union.
 
« La politique européenne reste pour l’instant bloquée sur l’aspect défense des frontières. Mais il est impossible de fermer totalement ses frontières. Les immigrants continueront à tenter d’entrer en Europe ».
 

Plus d’immigrants pour l’UE

 
L’obsession européenne des frontières ? Ce n’est pourtant pas le sentiment de ses ressortissants… Mais pour François Crépeau, elle est nette et favorise clairement l’existence des trafiquants, de ces passeurs-profiteurs : « Ce phénomène ne peut exister que lorsqu’on dresse des barrières (…) C’est en investissant dans des procédures de contrôle que l’Europe a perdu la gestion de ses frontières extérieures. Celle-ci est désormais aux mains des trafiquants ». Le raisonnement est stupéfiant! Vous vous plaigniez de l’immigration irrégulière ? Régularisez-la. Ouvrez les vannes. Et là, vous aurez une saine gestion de vos frontières… « Si on veut coincer ceux qui vivent de ce trafic, il faut précisément abaisser les barrières et fournir de nouvelles voies légales pour l’immigration. Leur ‘secteur d’activité’ s’effondrera dès lors » – et ils viendront en créer d’autres en France.
 
L’Europe n’aurait toujours pas compris qu’elle devait investir dans la « mobilité », car « les gens viendront quand même »… Et M. Crépeau de nous proposer jusqu’à des accords de répartition, car il n’y a pas, selon lui, de « perspective d’amélioration ». Il y a quelques jours, le Haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Antonio Guterres, faisait passer à Stockholm le même message : « L’Union européenne devrait réfléchir à se répartir par quotas les réfugiés qui échouent sur ses côtes ».
 

Année 2014 : le mouvement s’accélère

 
Pas de perspective d’amélioration – avec les mêmes politiques internationales – c’est un fait. Les immigrés qui tentent la route qu’on dit « la plus mortelle du monde », à travers la Méditerranée, sont de plus en plus nombreux. Sur l’année 2014 : plus de 207.000 migrants, un chiffre presque trois fois plus élevé que le précédent record de 2011 lorsque 70.000 migrants avaient fui leur pays pendant le printemps arabe. Et 3.419 personnes y ont perdu la vie, cette même année. « Une nouvelle étape » pour le porte-parole du HCR, dûe à « un arc de conflits ». Autrement dit, l’UE n’a pas le choix, ne peut pas l’avoir.
 
Oui, les naufrages en mer Méditerranée de ces rafiots débordants d’êtres humains, sont des drames. La misère, les guerres, les régimes autoritaires les font fuir. Mais certains donneurs de leçon ne sont pas tout à fait étrangers à l’instabilité de leurs régions d’origine. D’autre part, sous prétexte de supprimer un trafic de passeurs, il faudrait ouvrir les vannes et donc souhaiter la bienvenue non pas seulement à ceux d’outre-Méditerranée mais à tous les autres.
 

Message de fond de l’ONU : le remplacement

 
C’est la ritournelle des Nations-Unies. Comme nous le dira une nouvelle fois, en avril, la 48ème Session de la Commission de la population et du développement, de l’ONU, de toute façon « l’Europe a besoin d’un flux d’immigration pour éviter que [sa] population ne diminue. » La population traditionnelle sera ainsi progressivement mise en minorité. Ses pays, affaiblis par une immigration qui ne lui apportera aucune richesse mais creusera plutôt sa dette, seront culturellement re-modelables et économiquement corvéables. Mais c’est pour sauver la planète…