Ugly (atroce) ♥♥
Cinéma

Ugly

POLICIER
 
Bollywood produit chaque année des films par centaines où, pour rassurer la ménagère de moins de cinquante ans de Dehli à Calcutta, se trouve peinte une Inde joyeuse où tout le monde chante et danse. Le réalisateur Anurag Kashyap a pris le contrepied de ce cliché dans Ugly. Tout y est vraiment vilain, dégoûtant, désespérant, affreux, sale et méchant.
Il montre une Inde en négatif, sordide, avec les dessous d’un Bombay répugnant à l’extrême. L’intrigue centrale d’Ugly repose sur l’enlèvement d’une fillette de dix ans. Ces histoires finissent rarement bien en France, a fortiori en Inde. Pourtant demeure une forme de suspens : l’enfant a pu être enlevée par le père divorcé, ou un oncle maternel, que l’on espère pas meurtriers. Tous les personnages, ou presque, y compris le père et la mère, sont mauvais, se trompent, se volent, ou tentent de le faire, à l’occasion se tuent.
 

Ugly, ou la perversion générale

Un des intérêts d’Ugly réside dans les démonstrations des procédures de la police indienne&nbsp: des rafles assez larges, des interrogatoires très rudes – jamais d’innocents-, des négociations permanentes avec les chefs de gangs, des grands bandits aux mendiants, basées sur une intimidation plus ou moins efficace.
Ainsi, à ce prix, le chaos n’est pas général dans les villes indiennes. Les amateurs de policiers américains apercevront le contraste avec l’obsession des mandats, des procédures judiciaires à respecter aux Etats-Unis, alors que les indiens n’en ont rien à faire, écrivent un bref rapport fort arrangé le moment venu.
La morale qui se dégage de cette profusion d’images vaut pour tous, tous les métiers, toutes les classes, toutes les castes : la volonté de s’enrichir pervertit toutes les âmes ; les valeurs familiales, autour d’un foyer stable, constituent la meilleure garantie d’une société à peu près honnête. Ugly est donc un film noir, très noir, réservé à un public averti.