L’UMP veut devenir « Les Républicains »

UMP devenir Les Républicains
 
Malgré un certain nombre d’oppositions clairement affichées depuis que la proposition en a été faite par le président de l’UMP Nicolas Sarkozy, son bureau politique s’est prononcé mardi en faveur d’un nouveau nom : « Les Républicains ». A la fin du mois, cette décision doit encore recevoir l’approbation des quelque 210.000 adhérents, et l’UMP – si elle veut réellement devenir « Républicains » – pourrait alors prendre officiellement son nouveau nom lors du congrès du 30 mai.
 

L’UMP veut devenir républicaine

 
Malgré les sceptiques qui trouvaient curieux d’affirmer que leur parti était effectivement républicain, les nationaux qui n’envisageaient pas de se plier à une acception plutôt anglo-saxonne du terme, et les inquiets qui se demandaient ce qui les distingueraient désormais des autres républicains, la nouvelle dénomination, par laquelle Nicolas Sarkozy espère remodeler le parti à son image, a été approuvée à l’unanimité des 51 membres présents, moins une abstention, selon le décompte annoncé par l’UMP dans un communiqué. L’abstention est celle du député-maire du Havre, Edouard Philippe, un proche d’Alain Juppé, qui a déclaré n’être « pas totalement convaincu par le nom »…
 

De l’UMP aux Républicains

 
Et justement, l’ancien premier ministre, qui demeure le plus sérieux rival de Nicolas Sarkozy pour la primaire à l’élection présidentielle, avait marqué son hésitation sur un tel changement de nom, appelant de ses vœux un baptême démocratique qui aura effectivement lieu – le vote du bureau politique n’étant que consultatif. Tout sera donc clair le 30 mai, lors du congrès de… l’UMP, qui entérinera également les nouveaux statuts du parti, approuvés à l’unanimité mardi par le bureau politique.
 
Un sondage Odoxa diffusé le mois dernier faisait état d’une certaine frilosité chez les sympathisants de l’UMP vis-à-vis de l’idée-même d’un changement de nom. 61 % d’entre eux estimaient que le parti ne devait tout simplement pas changer de nom ; 56 % disaient préférer l’UMP aux « Républicains », que 53 % jugeaient, de fait, trop « américain ».
 
On peut effectivement s’interroger sur une éventuelle évolution du terme, voire de sa conception, au gré d’une influence outre-Atlantique. Mais celle-ci n’est pas nouvelle. Après tout, l’UMP, comme le PS d’ailleurs, a déjà piqué au grand frère son système de la primaire…
 

Nicolas Sarkozy veut devenir le vrai patron, voire plus

 
En l’occurrence, il semble que cette décision, due à la volonté de Nicolas Sarkozy, consiste surtout à lui tailler un parti sur mesures.
 
La chose n’est pas nouvelle ! Lorsque, en 1947, De Gaulle crée le Rassemblement du peuple français (RPF), il est certes bien loin de se douter des multiples avatars que connaîtra le nouveau parti, mais il cherche déjà à constituer un mouvement personnel de marche vers le pouvoir. Il l’abandonnera d’ailleurs au bout de quelques années, préférant, en définitive, se créer une République à sa taille : la Ve…
 
A cette occasion, un nouveau parti renaîtra des cendres du RPF pour soutenir l’action du nouveau président de la République. Ce sera, en 1958, l’Union pour la nouvelle République (UNR), qui cèdera, neuf ans plus tard, cette fois pour accompagner Georges Pompidou, la place à l’Union des démocrates pour la République (UDR).
 
Neuf ans plus tard, en 1976, celle-ci cèdera la place au Rassemblement pour la République (RPR) – au bénéfice de Jacques Chirac – qui disparaîtra, en 2002, au bénéfice de l’Union pour un mouvement populaire, l’actuelle UMP.
Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy aimerait bien se débarrasser de cet héritage, encombré qu’il est maintenant d’une succession très partagée entre des prétendants nombreux, pour retailler une nouvelle fois le parti de manière à en faire le tremplin de sa reconquête de l’Elysée.
 
Bien sûr, l’emballage est moins personnel. « Changer de nom était devenu nécessaire compte tenu des turbulences et des affaires qui ont terni le sigle de l’UMP depuis deux ou trois ans », expliquait mardi le député de Haute-Savoie et ancien président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer, réputé proche de l’actuel patron de l’UMP.
 
Il n’en reste pas moins que, dans l’ombre pour l’instant, les autres candidats à la primaire pour 2017 grincent des dents…
 

François le Luc