Un Brexit en Allemagne ? La chute d’Angela Merkel

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Au lendemain de la défaite spectaculaire de la CDU d’Angela Merkel lors des élections régionales en Mecklembourg-Poméranie occidentale (un Etat régional d’ex-RDA communiste dont elle est élue), le chancelier allemand a reconnu sa responsabilité dans cette chute, sans pour autant remettre en cause sa politique, notamment en ce qui concerne l’accueil des migrants. Si Angela Merkel se refuse donc à faire un lien quelconque entre les deux, il n’en est pas de même, semble-t-il, de l’Allemagne qui, moins de trois mois après le Brexit, a fait souffler un vent favorable dans les voiles de l’Alternative für Deutschland, le très anti-européiste parti AfD, qui arrive devant la CDU pourtant au pouvoir.
 
Angela Merkel refuse pourtant de se laisser abattre et affirme vouloir regagner la confiance des Allemands. « Tous doivent désormais réfléchir à ce qu’on peut faire pour regagner la confiance et, naturellement, moi la première », a-t-elle déclaré en Chine en marge du sommet du G20.
 

La chute d’Angela Merkel aux élections régionales

 
Pour autant, elle n’a pas hésité à ajouter que sa décision prise l’année dernière d’accueillir en masse les migrants était la bonne. « Nous avons encore beaucoup à faire pour regagner la confiance, le thème de l’intégration et de la reconduite des migrants qui n’ont pas d’autorisation de séjour chez nous vont jouer un rôle important », a-t-elle néanmoins reconnu. Avant d’ajouter, avec un souci d’apaisement qui n’est pas cependant d’une très grande logique, que le nombre des réfugiés arrivant en Allemagne a considérablement baissé en 2016.
 
Les propos du chancelier allemand visent surtout, et sans contredit, à minimiser la victoire de l’AfD qui, avec près de 20,8 %, arrive derrière les sociaux-démocrates (30,6 %), mais devant donc la CDU (19 %).
 
La situation est pourtant plus délicate que ne veut bien l’admettre Angela Merkel. D’abord, parce que l’AfD renforce sa place dans la politique allemande à un an à peine d’élections législatives que tout le monde annonce désormais cruciales.
 
« Notre pays connaît une rupture politique, et ce n’est pas trop que de dire que cela a une dimension historique », s’est d’ailleurs félicité l’un des dirigeants de l’AfD, Jörg Meuthen, dont le parti est désormais représenté dans neuf des seize parlements régionaux, trois ans seulement après sa fondation.
 

Désarroi et désaccord alliés

 
D’ailleurs, la CSU, alliée bavaroise d’Angela Merkel, fait en quelque sorte chorus en réitérant son opposition à sa politique migratoire, et en exigeant « un plafond » annuel de réfugiés autorisés à venir en Allemagne.
 
Ensuite, parce que la presse allemande souligne la fin d’un règne. Le très populaireBild s’interroge d’ailleurs sur le nombre « de gifles que Merkel peut encore supporter »…
 
La prochaine, qui pourrait être fatale, se présentera sous la forme des législatives. L’AfD, jusqu’ici créditée de moins de 5 % des voix au niveau national, connaît, depuis la mise en œuvre de la politique migratoire d’Angela Merkel, un bond d’environ dix points, à 14 % d’intentions de vote.
 
Si Angela Merkel n’a pas à s’inquiéter plus que d’ordinaire de trouver un rival au sein de son parti, c’est désormais la CDU elle-même qui est en danger pour les échéances électorales à venir.
 

Un Brexit en Allemagne…

 
Il y a pire – du point de vue de Bruxelles du moins. Si Angela Merkel, l’homme politique le plus puissant d’Europe, et le deuxième mondial derrière Vladimir Poutine selon Forbes, venait à sombrer, l’Union européenne, déjà déstabilisée par les Brexit quoi qu’en disent ses sectateurs, perdrait son principal soutien. Sans compter que d’autres pays, à commencer par la France et l’Italie, ont tout à craindre de semblables lames de fond…
 
« Il n’y a plus de leadership européen ; il y a donc une certaine logique à attendre qu’il se reconstitue pour négocier la sortie », n’hésite d’ailleurs pas à déclarer le Britannique Denis McShane, ancien ministre des Affaires européennes de Tony Blair.
 
Parmi les divers scénarios d’une possible chute de l’Union européenne, celui évoquant un écroulement consécutif à une politique migratoire a souvent été évoqué. L’Histoire pourrait lui donner raison…
 

Hubert Cordat