DRAME SOCIAL : Une seconde mère ♥


 
Une seconde mère s’intéresse au destin d’une famille riche, apparemment équilibrée et heureuse, à Sao-Paulo : deux parents, un grand fils, la domestique principale, qui sert de seconde mère à celui-ci. Madame travaille, dans le journalisme de mode, a une vie sociale bien remplie, reçoit beaucoup. La domestique principale veille à l’entretien strict de la vaste demeure et du jardin, avec des aides, qui, eux, ne résident pas sur place. Tout semble harmonieux. Les patrons sont aimables avec Val – diminutif affectif – sinon affectueux. Mais derrière la façade se cache mal une forte condescendance, voire un mépris indicible pour une certaine absence de réflexion profonde, de culture et d’éducation, pour une personne dévouée et consciencieuse par ailleurs.
 
Tout ceci reste crédible, à opposer au brûlot ridicule et insupportable par ses outrances Casa Grande. Tout ce semblant d’harmonie est ébranlé, puis renversé, par l’irruption de la grande fille de Val, Jessica. Elle ne correspond pas aux attentes de la maîtresse de maison, prête à accueillir quelques jours une jeune fille discrète et effacée, et non une orgueilleuse à la limite de l’insolence, belle, intelligente et relativement cultivée. Sa réussite scolaire est supérieure à celle du fils de la maison, fainéant, et gros consommateur d’herbes illicites. La morale semble un peu facile, mais l’idée que le travail scolaire paie est en soi sympathique, beaucoup plus que les admissions sur quotas raciaux exaltés par exemple dans Casa Grande.
 

Une seconde mère : de multiples situations dramatiques

 
Une seconde mère tient largement de la pièce de théâtre avec une quasi-unité de lieu, de véritables études de caractères, au sens le plus positif, qui se développent suivant leur logique propre et de multiples situations dramatiques. La fin, que l’on ne révélera pas, déçoit quelque peu, en revenant à une politisation discutable, presque utopique, tout en demeurant supportable.
 

Hector Jovien