L’Union européenne veut renvoyer les migrants clandestins et économiques

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Réunis jeudi à Luxembourg, les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne ont décidé de reconduire davantage d’étrangers dans leurs pays selon une sélection assez simple. Il s’agit, pour enfin faire face à l’afflux de réfugiés et de migrants, de renvoyer les migrants clandestins économiques, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas réellement besoin d’être protégés.
 
« L’augmentation du taux de reconduite doit avoir un effet dissuasif sur l’immigration clandestine », affirment-ils dans une déclaration commune qui fait le point de leur réflexion. Ce document considère en outre la détention comme « un moyen légitime en dernier ressort » pour éviter que les étrangers en situation irrégulière ne disparaissent avant d’être reconduits aux frontières de l’Union européenne. Christiane Taubira a dû bondir…
 

Renvoyer les migrants clandestins et économiques

 
Evidemment, les représentants de l’Union envisagent, pour convaincre les pays d’origine d’accepter le retour de leurs ressortissants, d’utiliser davantage de « leviers », et notamment celui de l’aide financière. Un levier psychologique certain, mais qui n’en pose pas moins quelques problèmes.
 D’abord, parce que, si l’Union européenne compte de plus en plus de migrants, elle a de moins en moins d’argent ; et plus il y aura de migrants, plus cette distorsion s’aggravera.
 
Ensuite, parce qu’on ne voit pas bien comment les dits pays d’origine empêcheront leurs ressortissants de recommencer. Les filières clandestines, par définition, sont difficiles à contrôler. Et si, en outre, le système leur rapporte, il peut rapidement ressembler à une industrie.
 
Enfin, parce qu’on ne voit pas ce qui justifie le fait de payer un pays pour qu’il accepte, chez lui, un de ses ressortissants. La logique veut en effet que l’on demeure, le plus souvent, dans le pays dont on a la nationalité.
 
« Les retours sont toujours durs, mais (…) nous ne pouvons accueillir et soutenir les réfugiés ayant besoin d’être protégés que si ceux qui n’en ont pas besoin ne viennent pas ou sont rapidement reconduits », a résumé le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière.
 

L’Union européenne a-t-elle les moyens de sa politique ?

 
« Il s’agit d’unir nos forces pour régler une question qui sera très difficile à résoudre », a expliqué la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini. Ce qui, si l’on veut bien lire entre les lignes, signifie que, une fois de plus, les politiques européens ne sont pas sûrs de l’efficacité de leur démarche…
 
Le président de la Commission européenne non plus qui, lors d’une visite dans un centre d’enregistrement de migrants à Passau, en Bavière, a déclaré que 25 millions de personnes étaient en déplacement dans des régions proches de l’Europe, soit plus que le continent ne peut en accueillir.
 
Jean-Claude Juncker a cependant contesté les moyens mis en place par certains pays, comme la Hongrie. « Nous avons eu assez longtemps un mur en Europe. Et nous n’avons certainement pas besoin d’en avoir entre pays membres de l’Union européenne. »
 
Pour autant, il est bien conscient, semble-t-il, de la situation, puisqu’il déclare : « Cette crise des réfugiés va durer un certain nombre d’années. Je n’ai pas l’illusion que ce que nous vivons en ce moment appartiendra rapidement au passé. »
 
Alors, d’une part Bruxelles admet enfin la réalité du problème ; mais, de l’autre, elle réfute les solutions utilisées par certains des Etats-membres, sans pour autant proposer autre chose de concret, sinon des mesures dont il est peu sûr qu’elle puisse les mettre en œuvre…
 
Une fois de plus, les conseilleurs ne sont pas les payeurs !
 

Hubert Cordat