DRAME/FANTASTIQUE Valley of Love ♥


 
Valley of Love, la Vallée de l’Amour, est un titre bien trouvé, qui veut donner un sens nouveau à la Vallée de la Mort. Cette curiosité géologique, vaste dépression qui descend sous le niveau de la mer, aux confins de la Californie et du Nevada, comporte moult curiosités naturelles intéressantes, des paysages magnifiques et uniques. Même en hiver, il y fait atrocement chaud, et l’insolation survient très vite. Ce décor, bien filmé, instille une ambiance particulière.
 
D’emblée, le spectateur imagine fort bien Gérard Depardieu, monstre sacré et caractériel du cinéma français, en une sorte de morse russe énorme échoué dans un piège de sable mortel et brûlant. Un ancien couple, divorcé depuis des décennies, d’acteurs français, Gérard et Isabelle (Huppert), accomplit une forme de pèlerinage singulier dans cette Valley of Love, dicté par les lettres post mortem de leur fils suicidé. Photographe, homosexuel, il vivait en couple à San Francisco. Si cela est évoqué, rien n’est montré. Quoi qu’il en soit, des parents aiment leur enfant en toute circonstance. Et il a promis d’apparaître brièvement à ses parents à cette occasion. Gérard n’y croit pas, et compte simplement rendre un ultime hommage au mort, rien de plus. Isabelle y croit, ou s’efforce de le faire, et son discours tend rapidement vers une logorrhée de voyante ou de spirite qui exaspère Gérard.
 

Valley of Love

 
Les rencontres ne sont pas montrées au spectateur. Une ambiguïté demeure donc, tant les lieux sont propices aux hallucinations, à quoi s’ajoutent leur état de deuil et une certaine attente. Des indices, rien de plus, tendent à accréditer un discours fantastique. Gérard finirait-il tout de même par y croire ? Le film vaut surtout pour son atmosphère, faite de l’environnement si particulier et du jeu très juste des acteurs, finalement intelligemment confondus avec leurs personnages. Est-il bien passionnant pour autant ? Ce n’est pas certain, mais le traitement contemplatif, en harmonie avec le sujet, peut aussi séduire à sa manière. On constate en creux le désespoir complet face à la mort de gens qui n’ont pas la foi chrétienne, et qui en sont donc réduits à espérer de bien hypothétiques apparitions de revenants.
 

Hector Jovien