Le billet
Valls soutient Hollande pour 2017 comme la corde le pendu
Il se pose en rassembleur du PS pour mieux flinguer

Valls Soutient Hollande 2017 Rassembleur PS
 
Selon le Point, Manuel Valls a renoncé à se présenter à la présidentielle de 2017 pour préparer 2022. En attendant il se pose en rassembleur du PS et soutient François Hollande. Comme la corde soutient le pendu : il fait son indispensable et révèle les petits secrets de famille.
 
Notre confrère le Point donne dans la presse du cœur. Il nous ouvre celui du premier ministre. Surprise, surprise, nous découvrons en Manuel Valls un grand altruiste qui ne pense qu’au bien commun de la gauche. On le croyait impérieux, maussade, péremptoire, volontiers hystérique, un peu bipolaire, prompt à passer de l’euphorie à l’agression noire, toujours un peu frénétique ? On avait tout faux. C’est un garçon raisonnable. Il croit, il voit, il sait, il est désabusé, il avait envie d’y aller en 2017, mais il a compris qu’il n’avait aucune chance. Rangeons nous tous derrière Hollande, dit-il, sinon c’est la fin.
 

Avec François Hollande, l’union du PS est un massacre

 
« Aujourd’hui, mon rôle, c’est de rassembler », a-t-il affirmé, prêchant l’unité de « la gauche qui assume les responsabilités du pouvoir », si elle ne veut pas « être pulvérisée, emportée par l’ambiance actuelle, faite de divisions, de luttes d’ego, de règlements de compte ». On le sait depuis Al Capone, le mieux pour éliminer ses rivaux, c’est de les désigner comme diviseurs, et se poser soi-même en infirmier rassembleur qui se dévoue au soin des blessés.
 
Et Dieu sait qu’il y en a. Du temps de François Mitterrand, l’union de la gauche était un combat ; sous François Hollande, l’union du PS devient un massacre. Sous ses airs tout nouveaux de bon apôtre, Manuel Valls y prend sa part. Il envoie dans la nature quelques balles qui ne seront pas perdues pour tout le monde. Rien n’assure qu’il puisse être vraiment le rassembleur du PS, mais il ne fait pas de doute qu’il ajoute un peu de discrédit sur le nom du candidat qu’il soutient.
 

Pourquoi Valls dit faire l’impasse sur 2017

 
Il lui suffit pour cela de nous le montrer un peu plus. Depuis que François Hollande a donné le la avec son livre Un président ne devrait pas dire ça, la communication politique se fait pour ainsi dire à ciel ouvert. Le milieu lavait ordinairement son linge en famille, et l’on ne savait qu’après un certain temps les haines qui l’animent et les turpitudes qu’elles engendrent. Aujourd’hui, le déballage se fait « en temps réel », comme on dit de façon affreuse. Manuel Valls cultive le style lavandière ibérique, on expose toute la lessive au lavoir sur la grand place, tant qu’il y aura du linge à laver, on boira de la Manzanilla. Si notre Mussolini de carnaval ne veut pas tenter sa chance à la primaire de la gauche, même dans l’hypothèse où Hollande renonce, c’est à cause du président de la république : « De toute façon, Hollande (lui) collerait Ségolène Royal dans les pattes ».
 

Le « rassembleur » tresse la corde du président pendu qu’il soutient

 
Suivez mon regard, cela veut dire que François Hollande n’a pas perdu son pouvoir de nuisance, et qu’il demeure acoquiné avec le ministre de l’environnement, malgré ses nombreuses affaires de cœur. Le message est clair, je le soutiens mais lui me poignarderait, et il ruine la gauche. Voilà qui rappelle les sergents du répertoire : « L’adjudant est un c.., mais j’obéis aux ordres, la quille, b… ! » Tel est Valls le rassembleur dans ses œuvres. Pour ceux qui n’auraient pas compris, il en rajoute avec un panégyrique drolatique du quinquennat. Quels points positifs particuliers a-t-il choisi de porter au crédit de François Hollande ? Vous donnez votre langue au chat ? Alors je vous affranchis. Il s’agit d’abord de la « baisse du chômage » et du « rétablissement de l’autorité de l’État ». Sic. Pour de vrai. Manuel Valls n’est pas seulement, comme le bêle Jean-Christophe Cambadélis, la première des « quatre ou cinq personnalités PS qui peuvent se présenter » en cas de forfait de François Hollande, c’est un clown remarquable et un tueur à froid.
 

Pauline Mille