Valls accusé de trahison par la haute autorité : faillite des primaires

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Pour ne pas avoir soutenu Hamon, Valls est accusé de trahison par la haute autorité des primaires citoyennes. Les primaires ne marchent pas. Condamnables en principe, elles terminent en faillite avec deux candidats, Hamon et Fillon, qui sèment la zizanie dans leurs partis.
 
Les socialistes sont très forts pour jouer à la marchande. On sait bien que tu es Julie et que je suis Pauline mais on disait que tu étais la marchande et moi l’économe de l’école qui fait son marché. Ils sont tous copains et coquins, mais il y a toujours une haute autorité qui explique les bourrages d’urnes, dit le droit et distribue les bons points. Aujourd’hui elle est solennelle et péremptoire : « Au delà du manquement à la parole donnée, Manuel Valls livre une analyse politique condamnant le programme du candidat issu des Primaires citoyennes auxquelles il a participé ».
 

Faillite des primaires à droite comme à gauche

 
Le mécanisme des primaires prévoyait en effet que tous les vaincus soutiendraient le vainqueur, et Valls, après l’avoir fait du bout des lèvres le soir de sa défait, laisse maintenant entendre que les promesses de Hamon le fatiguent, suggérant plus de complaisance pour celles de Macron. On notera que, parmi les autres candidats des primaires citoyennes, ni Vincent Peillon, ni Jean-Luc Bennahmias, ni Sylvia Pinel ne se sont bousculés pour faire la campagne de Hamon, et que François de Rugy est passé avec armes et bagages chez Macron, préfigurant le mouvement que suivent les ministre socialistes du gouvernement Cazeneuve, y compris le poids lourd Le Drian. A droite, ce n’est pas beaucoup plus folichon : Poisson, NKM, Coppé, se taisent avec application, Sarko a fait des cercles autour de Fillon dans l’attitude du vautour qui attend la mort pour manger, Juppé a essayé de le pousser dehors et, y ayant échoué, l’a vivement critiqué, Bruno Le Maire l’a carrément invectivé en lui demandant de dégager.
 

Valls accusé de trahison envoie au bain la Haute Autorité

 
Telle est la loyauté des primaires. Et telle elle doit être, car ces primaires ne sont qu’un artifice pour tâcher de faire taire, dans l’intérêt des partis, les rivalités des candidats. En cela elles étaient, a priori, contraire aux institutions de la cinquième république et à l’esprit de la présidentielle, conçue comme une élection indépendante des partis. Il se trouve maintenant, expérience faite, qu’elles sont un échec flagrant.
 
Comment d’ailleurs, pourrait-il en être autrement ? Accusé de trahison, Manuel Valls a raison d’envoyer au bain la haute autorité : s’il s’est porté candidat contre Benoît Hamon, c’est bien sûr que leurs programmes ne sont pas les mêmes, parce que le PS, comme les autres partis, est un conglomérat de tendances fédérées par l’intérêt, mais au fond incompatibles. Voudrait-on forcer un politique a soutenir un programme qu’il combat ? Même chose, en plus accentué, pour l’ensemble de la gauche, et pour la droite. Pinel, n’est, sur le fond, pas d’accord avec Hamon. Ni Poisson avec Juppé. Ils ne sont d’accord sur rien, sauf sur leur désir commun d’arriver au pouvoir et d’en exclure le populisme. C’est ce qu’on nomme les valeurs républicaines.
 

Condamnables en principe, les primaires inviables en fait

 
Par construction, les primaires ne peuvent donc pas fonctionner : elles ne peuvent en donner l’apparence que si, tout se passant sans anicroche, elles désignent un numéro gagnant. Un cheval qui, aux termes de l’accord préalable, va distribuer une fois le jackpot présidentiel touché, sa part de butin à chacun des participants à la tontine.
 
Or, manque de chance, les deux appareils ont désigné par leurs primaires des candidats perdants, du moins en apparence. Le PS, parce qu’il était à bout de souffle, massacré par le président sortant, a élu par réaction un frondeur second couteau. Les républicains semblaient mieux lotis avec Fillon, mais il avait une petite faiblesse que les gros médias, possédés par quelques milliardaires qui veulent pousser Macron, ont montée en épingle. La course n’est pas jouée tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie, mais si Fillon est éliminé dès le premier tour, cela pourrait avoir comme conséquence positive la faillite définitive des primaires.
 

Pauline Mille