Vatican-USA : la valse hésitation


 
Le pape François vient d’être élu « homme de l’année » par le magazine Time ; il bénéficie d’une image exceptionnelle chez les non-croyants, et il vient de former à l’occasion de Noël des vœux pour la paix très suivis. Au même moment, Washington ferme son ambassade près le Saint Siège. Vatican-USA, les relations sont complexes.

 
Aussi généraux soient-ils, les vœux du Saint Père, sur la Syrie par exemple, a pu agacer le gouvernement d’Obama : on se souvient que François a reçu Wladimir Poutine en novembre au moment où les divergences entre les faucons occidentaux et la ligne visant à préserver au mieux – ou au moins mal – la paix étaient les plus aiguës. En dehors de la question diplomatique, Obama est en pointe, dans son pays, sur le « droit » à l’avortement et au mariage pour tous, sur la théorie du genre et les mères porteuses pour paires homo, en opposition frontale avec la doctrine romaine.
 

Une gifle aux 78 millions de catholiques américains

 
C’est sans doute ce qui l’a conduit à fermer l’ambassade des Etats-Unis près le Saint Siège pour en rapatrier les services dans les locaux de l’ambassade US à Rome. Une simple mesure d’économie et de sécurité, comme on veut le faire croire au département d’Etat ? Hypocrisie, clament deux anciens ambassadeurs américains au Vatican, Francis Rooney et James Nicholson. Il s’agit d’un geste d’hostilité envers Rome et d’une « gifle aux 78 millions de catholiques américains ».
Le paradoxe est que cette décision est prise à un moment où le siège de Pierre se trouve occupé par un homme qui pourrait être moins hostile à Obama. Sur la question de l’homosexualité, des divorcés remariés, etc. on le dit prêt à des compromis. Et sur l’Islam, cher au cœur d’un Barack Obama qui entretient des liens privilégiés avec le premier ministre turc islamiste Erdogan et le souverain wahabite d’Arabie saoudite, la doctrine du nouveau pape est différente de celle que professait Benoît XVI dans sa leçon de Ratisbonne. Il vient en effet d’affirmer dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium que : « le véritable Islam et une adéquate interprétation du Coran s’opposent à toute violence. » Ce qui peut lancer une controverse théologique mais constitue d’abord un geste politique. En somme les relations Vatican-USA se tendent au moment même où un pape plus conforme aux vœux de Washington dirige la barque de Pierre.