Les végétaliens de l’Ontario veulent que leur « croyance » soit protégée comme une religion au titre des droits de l’homme

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Des végétaliens canadiens veulent profiter des nouvelles directives de Commission des droits de l’homme de l’Ontario (OHRC) pour faire reconnaître que leur pratique alimentaire, dictée par des motivations éthiques, constitue une « croyance » qui mérite à ce titre d’être protégée comme n’importe quelle religion. Les nouvelles directives affirment en effet que les « croyances » protégées ne relèvent pas seulement de la foi ou de la pratique religieuse, mais d’un « système de croyance non religieuse qui, à l’instar de la religion, influence de manière substantielle l’identité de la personne, sa vision du monde et sa façon de vivre ». Les végétaliens « éthiques » ne consomment aucun produit d’origine animale – même du miel – pour des raisons de conscience : ils se refusent à faire quelque tort que ce soit à un animal.
 

Être végétalien, bientôt une croyance protégée au titre des droits de l’homme ?

 
Selon le code des droits de l’homme de l’Ontario, les droits relatifs à la croyance confèrent une protection à ceux qui s’en revendiquent dans cinq domaines de la vie sociale : le logement, les services, l’emploi, les contrats, les syndicats et autres formes d’association professionnelle. Les végétaliens veulent dorénavant profiter de ces protections de manière à ne pas être obligés d’agir contrairement à leurs croyances. L’avocat et militant politique Nick Wright, fondateur d’Animal Justice groupe qui milite pour le traitement humain des animaux, explique que « de nos jours, de plus en plus de gens se réclament de systèmes et de pratiques éthiques qui ne sont pas ancrées dans une religion organisée au sens traditionnel du terme. Ce changement est important pour les végétaliens éthiques dans la mesure où, dans les cas où une adaptation est requise, ils disposeront d’un droit pour la faire appliquer ».
 
La politique de l’OHRC consiste à guider les employeurs et les prestataires de services dans l’accueil des personnes en fonction de leur croyance. Pour Animal Justice, la nouvelle définition pourrait permettre aux étudiants végétaliens de refuser de disséquer des animaux, aux travailleurs végétaliens de refuser de porter des uniformes comprenant des ceintures ou des chaussures en cuir par exemple. Elle pourrait également permettre aux végétaliens d’éviter de devoir participer à des événements professionnels tenus dans des lieux tels qu’un restaurant à viande.
 

De la protection animale à la protection des végétaliens

 
La reconnaissance du végétalisme éthique, c’est-à-dire l’opposition à la souffrance animale et à l’utilisation de tout produit dérivé de l’animal, en tant que croyance n’ira pas forcément sans difficultés pour ses partisans. Pour d’autres militants, l’octroi de protection aux végétaliens risque de dévaloriser la nature même de la protection des droits de l’homme.
 
Amanda Hohmann, de la ligue B’Nai Brith pour les droits de l’homme s’exprime ainsi à ce sujet : « La Commission des droits de l’homme et le code des droits de l’homme ont été mis en place pour combattre la véritable persécution perpétrée pour des motifs culturels, ethniques ou religieux. Si l’interprétation du mot “croyance” est élargie au point de rendre difficile toute protection significative, cela risque d’affaiblir l’efficacité des protections législatives en vigueur. »
 

Les végétaliens de l’Ontario se considèrent comme fidèles d’une religion

 
Cependant, de l’avis d’un autre militant d’Animal Justice, l’avocat Camille Labchuck, ces nouvelles dispositions représentent « une avancée d’ampleur pour les droits humains en Ontario. Notre société devient de plus en plus laïque et pour de nombreuses personnes, les croyances éthiques remplacent les croyances religieuses ».
 
La décision finale quant à savoir si le végétalisme éthique constitue une croyance sera prise par le Tribunal des droits de l’homme de l’Ontario. Le professeur de sociologie Dominique Clement de l’université d’Alberta a déclaré qu’à son avis le tribunal ne reconnaîtra jamais le végétalisme comme étant une croyance, affirmant que l’idée « paraît folle ». Mais tout est possible, après tout : « Rappelez-vous le temps où l’idée que les personnes homosexuelles puissent être protégées des discriminations était tout aussi absurde », a-t-il ajouté.
 
Nos sociétés laïcistes en manque de religion en trouvent de nouvelles – païennes.
 

Nicklas Pélès de Saint Phalle