Le Venezuela, main dans la main avec la Russie dans un monde pluripolaire

Venezuela Russie monde pluripolaire
Delcy Rodriguez

 
Le ministre des affaires étrangères du Venezuela, Delcy Rodriguez, a commenté pour le média proche du Kremlin rt.com la politique de son pays à l’égard de la Russie : « Nous maintenons une coopération très étroite avec la Russie parce que nous sommes main dans la main pour la construction d’un monde pluripolaire. » Le pays de Nicolas Maduro, digne successeur du très socialiste Hugo Chavez, n’hésite pas à s’appuyer sur la Russie dont la politique étrangère, dit-elle, contribue à « préserver la paix » et à « promouvoir le dialogue politique et diplomatique comme moyen pour régler les différends ». (Tel n’est pas forcément l’avis de l’Ukraine…)
 
« Mon pays est reconnaissant pour le soutien que cette nation apporte au gouvernement légitime et constitutionnel du Venezuela », a-t-elle déclaré à propos de la Russie. Notamment lorsque Moscou a dénoncé les violations du système constitutionnel du Venezuela, « en appelant à la paix et au dialogue » face aux gouvernements qui au moyen de « guerres non conventionnelles et de révolutions de couleur prétendent s’imposer par-delà les ordres internes en violant tout le système multilatéral et le droit international ».
 

Le Venezuela et la Russie, membres d’un même bloc

 
Le chef de la diplomatie vénézuélienne vise évidemment des pays comme les Etats-Unis et tous ceux qui mettent en évidence les souffrances de la population vénézuélienne, entre inflation, pénurie, écroulement du système de santé, sur fond de bâillonnement de l’opposition. Cela va contre le principe « d’autodétermination des peuples et celui de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats », déplore Delcy Rodriguez.
 
Et ce qu’en dit la presse internationale ? Désinformation, bien sûr ! Le Venezuela est selon elle victime de « harcèlement médiatique » annonciateur d’ingérence. « Les guerres impériales médiatiques précèdent les processus d’intervention internationale » en manipulant l’opinion unique afin de « vendre une image faussée » de pays comme le Venezuela, assure-t-elle.
 
Et de saluer des médias qui résistent pour maintenir un système multilatéral : elle a tout particulièrement rendu hommage à « l’alliance médiatique » formée par RT, TeleSur et Prensa Latina qui « réellement, apportent la vérité sur ce qui se passe dans le monde ».
 

Prensa Latina, TeleSur, rt.com : même combat

 
Prensa Latina est une agence d’information cubaine fondée en 1959 dans la foulée de la victoire de la révolution communiste.
 
TeleSur, quant à elle, est une chaîne de télévision généraliste du Venezuela, également disponible par satellite dans le monde entier, créée à l’initiative de Hugo Chavez en 2005 avec le soutien de l’Argentine, d’Uruguay et de Cuba, sous le patronage d’un conseil de surveillance composée d’intellectuels de gauche du monde entier. La Bolivie est entrée dans le capital un an plus tard à hauteur de 5 % par le biais d’Evo Morales, ami personnel de Chavez. Coloration bien rouge…
 

Bloc socialiste dans un monde pluripolaire

 
Au cours de son entretien, le ministre vénézuélien des affaires étrangères attaque durement Barack Obama, avec lequel Nicolas Maduro entendait établir, dit-elle, des relations de respect mutuel. Mais le Venezuela « est devenu une obsession personnelle pour Obama qui a fini par le considérer comme une menace pour la sécurité intérieure et extérieure des Etats-Unis ». Delcy Rodriguez, sans prétendre prédire l’avenir, n’a pas caché son espérance de voir l’arrivée de Donald Trump changer la donne.
 
Côté Russie, les réunions se multiplient avec les représentants du secteur de l’énergie, se félicite le ministre, ainsi que les accords de développement et d’investissement au Venezuela : elle a qualifié sa rencontre avec le ministre russe du pétrole et de l’énergie, Alexandre Novak, de « très constructive ». Le président de Rosneft, Igor Sechin, vient lui aussi de passer à Caracas pour signer d’importants accords. C’est tout prochainement qu’on attend au Venezuela « une commission d’experts pour évaluer les nouveaux projets de coopération avec cette importante société russe ».
 

Anne Dolhein