Victoire du virtuel : un sondage révèle qu’un adulte sur cinq ne sait pas changer une ampoule

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Dans un monde où Internet donne réponse à tout et où l’écran a envahi une belle part du travail et des loisirs, surtout chez les jeunes, les savoir-faire les plus ordinaires sont aujourd’hui oubliés du grand nombre. Une enquête au Royaume-Uni révèle qu’une personne sur cinq environ ne sait pas comment changer une ampoule. C’est la victoire annoncée du virtuel, encouragée par les pouvoirs publics qui ont fait du changement d’ampoule une tâche réservée aux diplômés de la sécurité en entreprise
 
Et la même proportion de Britanniques ignore comment cuire un œuf.
 
On pourra objecter que la juste cuisson de l’œuf à la coque n’est pas l’opération de cuisine la plus simple, puisqu’elle fait intervenir une quantité invraisemblable d’éléments : températures relatives de l’œuf, de l’eau, de l’air ambiant, la taille de l’oeuf
bien sûr, la dimension de la casserole, la nature de la source de chaleur et j’en passe – sans compter une dose d’intuition culinaire. Mais si on est prêt à admettre quelques petites variations de résultats, il faut bien admettre que cette ignorance est proprement ahurissante.
 
L’enquête a été réalisée par la société d’assurance Aviva auprès de 2004 personnes pour prendre connaissance de leurs habitudes et de leur rôle au foyer.
 

« Va te faire cuire un œuf » ? Un adulte sur cinq en serait incapable, révèle un sondage

 
On apprend ainsi que près d’un tiers des sondés ne saurait préparer un repas cuit sans recette. Et seuls 59 % d’entre eux ont des notions qui leur permettraient d’enlever une tâche sur un vêtement ou un tapis. 37 % seulement des sondés savent changer une roue. (On pourrait rétorquer qu’aujourd’hui les boulons étant serrés à la machine, seul l’Incroyable Hulk est à même de réaliser cette tâche. Mais quand même !)
 
La lecture d’une carte routière est à la portée de 66 % des sondés britanniques. A l’ère du GPS, on peut dire que la situation s’est plutôt améliorée : moins de disputes conjugales, moins de divorces et pire parce que Madame se trompe lorsque Monsieur, au volant, lui demande de trouver le chemin. Mais d’un autre côté, beaucoup moins de gens se marient. Cela demanderait à être approfondi.
 
65 % des sondés affirment savoir recoudre un bouton. Ce n’est pas si mal, à l’heure des fringues importées d’Asie qui ont fait du prêt-à-porter quasiment du prêt à jeter.
 

Changer une ampoule : une tâche de spécialiste dans le monde du tout virtuel

 
Ils sont 62 % à savoir déboucher un lavabo, 57 % à se dire experts en changements de couches pour bébés ou à réaliser un petit branchement électrique. Purger un radiateur – c’est-à-dire, savoir tourner une petite vis à la main, ce qui semble à la portée de n’importe qui – ne paraît faisable qu’à 53 % des personnes interrogées ; elles sont autant à savoir vérifier le niveau d’huile d’une voiture. Fixer une étagère au mur semble possible à 47 % des sondés, 39 % seraient prêts à installer du papier peint, et seules 3 personnes sur 10 s’aventureraient à changer un joint de robinet.
 
C’est évidemment une excellente nouvelle pour les manuels, ceux qui vendent des services que la plus grande partie d’un pays développé ne sait plus se rendre à soi-même. Plombier ? Une rente de situation !
 
De nombreux facteurs expliquent sans doute cette multiplication des « deux mains gauches », à commencer par le caractère faussement intellectualisant de l’enseignement scolaire et le résultat de plusieurs générations déjà d’éclatement familial, soit formel par le divorce ou la multiplication des cohabitations instables, soit matériel en raison de l’absence de la mère du foyer.
 
Aussi la plupart des « millennials » – la « génération Y » née entre 1980 et 2000 – ont aujourd’hui recours à internet lorsqu’ils se trouvent face à un bricolage imprévu, soit deux fois plus que ceux de leur génération qui se tournent vers un livre. Tous âges confondus, un sondé sur deux avoue procéder par tâtonnement.
 
Le retour au réel est une urgence.
 

Anne Dolhein